Les
premières tentatives de trahisons du mouvement contre la réforme des
retraites imposent la nécessité de renforcer l’auto-organisation à la
base pour que les grévistes restent seuls maîtres de leur grève.
A l’issue d’une réunion multilatérale avec le premier ministre,
Edouard Philippe, Laurent Lescure, secrétaire général de l’UNSA,
annonçait que l’UNSA SNCF appelait à une « pause » du mouvement de grève
contre la réforme des retraites. Ainsi, l’UNSA SNCF et son secrétaire
général deviennent les premiers à franchir ouvertement le pas de la
trahison du mouvement.
Résultat de ces « négociations » : une première trahison !
Depuis plusieurs semaines, les directions syndicales se pavanent à
Matignon, certains pour obtenir des miettes, d’autres pour « négocier »…
le retrait. Premiers résultats concrets de ces « négociations » pour le
gouvernement, une trahison des plus ouvertes de l’UNSA et de l’UNSA
ferroviaire en « échange » d’une clause « grand-père » remasterisée.
Pourtant, aussi bien sur les piquets que dans les manifestations, les
mots scandés sont « Il n’y a rien à négocier ! On se battra jusqu’au
retrait ! Pas de négociations, le retrait ! Pas de trêve ! Ni clause du
grand-père ni clause de la grand-mère ! »
Et en effet, ces dirigeants syndicaux n’ont rien à faire dans les
salons et les bureaux du gouvernement. Aucun gréviste ne veut la
négociation de la régression sociale. Et cela s’est vu dès l’annonce de
la « pause » par l’UNSA SNCF. Plusieurs syndicats, dont notamment l’UNSA
RATP, ont pris leurs distances vis-à-vis de cette décision et ont même
dénoncé la très éloignée date du 9 janvier posée par l’intersyndicale.
Le 9 janvier, c’est trop loin ! La base doit imposer son calendrier !
De son côté, Philippe Martinez de la CGT annonçait que son
organisation, ainsi que l’intersyndicale, continuaient à s’opposer à la
réforme et tout en affirmant s’opposer à une « trêve » pour les fêtes de
fin d’année, il a appelé à une nouvelle journée de mobilisation
nationale le 9 janvier prochain. Autrement dit, une imposition d’une
trêve de fait, du moins en termes de « grandes journées de grève
nationale interprofessionnelle » qui ont rythmé le mouvement depuis le 5
décembre.
A noter que le secrétaire confédéral de la CGT n’a par ailleurs pas
eu un mot pour les grévistes de la RATP et de la SNCF en grève
reconductible depuis 15 jours. Des grévistes qui mènent une lutte
exemplaire, qui se mobilisent massivement, qui tiennent des piquets
malgré le froid ou la pluie, et qui pour beaucoup font face à la
répression policière.
Et résultats des courses de son passage à Matignon ? Evidemment, le
gouvernement est resté sourd. Mais alors pourquoi négocier ? Le retrait
ne se négocie pas ! Il s’impose par le rapport de force, et la
construction de la grève générale !
Pour imposer notre calendrier, construisons le mouvement à la base
La seule façon de garantir que les destinées de la grève vont rester
vraiment entre les mains des grévistes, syndiqués ou non, c’est en
renforçant l’auto-organisation à la base. Autrement dit, les assemblées
de grévistes doivent se généraliser dans tous les lieux de travail,
elles doivent devenir un cadre de discussion réelle et de prise de
décisions, au niveau local et pour l’ensemble du mouvement. Pour cela,
l’auto-organisation locale n’est pas suffisante. C’est en ce sens qu’il
faut que les grévistes se coordonnent, qu’ils mettent en place ou qu’ils
renforcent les cadres de coordination des assemblées de base comme cela
a été le cas de la coordination interprofessionnelle de la région
parisienne. Des initiatives de ce type commencent à s’organiser
notamment en Ile de France.
Ce type de coordinations n’aurait pas seulement vocation à organiser
des actions communes des différents secteurs mais aussi à devenir un
organe de direction de la grève, qui impose ses propres décisions, son
propre calendrier aux directions syndicales. Ces dernières doivent se
soumettre aux décisions de ces instances décisionnelles des grévistes à
la base. Par exemple, elles devraient faciliter des lieux de réunion
pour tous les grévistes, jouer de leur influence pour contribuer à
renflouer les caisses de grève et surtout à élargir la grève à d’autres
secteurs et à pousser à l’auto-organisation. Voilà comment les
organisations syndicales pourraient faire une contribution décisive à la
grève.
Malheureusement ce que nous avons vu ce jeudi soir c’est tout le
contraire. Non seulement de la part de ces directions syndicales comme
l’UNSA qui trahit ouvertement le mouvement ou celle de la CFDT qui a à
peine mis un petit pied dans le mouvement et essaye déjà de voir comment
en sortir au plus vite, mais même celles de la CGT, de FO et de
l’intersyndicale qui, sans appeler à la reprise du travail, posent une
date de mobilisation le 9 janvier, d’ici vingt jours.
La lutte doit continuer et plus que jamais il faut entourer les
grévistes de la SNCF et de la RATP de la plus large solidarité, à
commencer par participer dans leurs actions, en essayant de pousser des
secteurs à rejoindre la contestation mais aussi en donnant aux diverses
caisses de grève. En ce sens, les directions syndicales qui n’offrent
aucune perspective aux grévistes avant le 9 janvier devraient contribuer
de façon déterminante au soutien financier pour les grévistes. Les
travailleurs et travailleuses en grève sont déterminés à faire plier ce
gouvernement et sa réforme néfaste. Et pour cela l’organisation à la
base et la solidarité seront fondamentales.
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