Agatha
Félix n’avait que huit ans. Elle a été assassinée d’un tir dans le dos
par une policière. Le Brésil est en état de choc face à ce crime, fruit
d'un régime où la vie des Noirs et des travailleurs ne vaut rien.
Agatha Félix n’avait que huit ans, toute une vie encore à
vivre. Elle a été assassinée d’un tir dans le dos par une policière.
Alors que vendredi dernier elle rentrait d’une ballade avec sa mère,
elle a été atteinte par une balle qu’une policière avait tiré contre un
motard qui ne s’est pas arrêté. C’était dans la zone nord de Rio dans
« Fazendinha » dans l’une des favelas les plus connues de Rio.
La policière appartient aux dénommées « Unité de Police
Pacificatrice », triste appellation pour l’une des divisions les plus
corrompues, racistes et assassines de Rio de Janeiro. Cette police a
déclaré qu’elle était en train d’enquêter sur l’affaire mais que ses
policiers avaient été attaqués par des trafiquants et qu’ils n’ont fait
que riposter. Un mensonge que plusieurs témoins ont démenti : « il n’y a
eu qu’un seul tir, celui de la police », a déclaré l’oncle de la
fillette.
Le pays est en état de choc. Sur les réseaux sociaux, les internautes
ont lancé une campagne massive pointant la responsabilité directe du
gouverneur de l’État de Rio, Wilson Witzel, avec le hashtag #ACulpaÉDoWitzel
(« Witzel est responsable »). Des artistes comme le célèbre chanteur
Caetano Veloso se sont aussi exprimés sur les réseaux sociaux pour
dénoncer ce crime.
En effet, le gouverneur Witzel, ancien juge, a été élu gouverneur en
octobre 2018 surfant sur la vague réactionnaire qui a porté Jair
Bolsonaro au pouvoir. Depuis qu’il a été élu, il défend une politique
sécuritaire dure, prônant l’assassinat des délinquants, l’utilisation de
snipers et tireurs d’élite dans les quartiers populaires. C’est ainsi
qu’en mai dernier il s’est filmé à bord d’un hélicoptère de la police où
l’on voit un policier soi-disant tirer sur des « caches de
délinquants » qui se sont avérées être... une église évangélique. En
août dernier, après qu’un sniper ait abattu un homme qui avait pris en
otage plusieurs personnes à bord d’un bus, on voit Witzel fêter
l’assassinat de cet homme comme s’il s’agissait d’un but de finale de
Coupe du Monde. Ainsi, de janvier à août de cette année, la police de
Rio a tué 1249 personnes (+16,2% par rapport à 2018). Un vrai permis de
tuer !
C’est dans ce contexte que l’assassinat d’Agatha a eu lieu. Et c’est
pour cette raison que l’indignation gagne tout le pays. Comme l’explique
le grand-père de la fillette : « ils ont tué une innocente, une
petite fille intelligente, travailleuse, obéissante, avec un grand
futur. Ils sont où les policiers qui l’ont fait ? Leurs voix ce sont les
armes. Ce n’est pas la famille du gouverneur ou celle du maire ou celle
des policiers qui est en train de pleurer, c’est la mienne. Ils vont
s’excuser, mais cela ne va pas me ramener ma petite-fille. C’était la
fille d’un travailleur (…). Encore une dans la statistique. Ils vont
venir et dire qu’un enfant est mort lors d’un affrontement. Quel
affrontement ? Ma petite-fille était par hasard armée pour recevoir un
tir ? ».
Ce crime en effet est une nouvelle expression non seulement de la
politique réactionnaire d’un gouvernement en particulier, mais celle de
tout un régime bâti sur le sang des esclaves et des populations
indigènes ; un régime raciste qui considère que la vie des Noirs et des
travailleurs ne vaut rien et donne le droit de tuer à ses laquais des
forces de répression. L’assassinat d’Agatha ne restera pas impuni ; il
ne fera qu’alimenter la haine des pauvres, des travailleurs contre la
classe capitaliste raciste, contre ce système pourrissant qu’il faudra
renverser d’une fois pour toutes.
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