Devancé
dans les sondages par le RN, le macronisme semble avoir la façon de
regagner du terrain : dénoncer l’influence étrangère à travers
l’extrême-droite en profitant du scandale de corruption qui touche un
ministre d'extrême-droite en Autriche. Plus c’est gros plus ça passe ?
Tous les sondages indiquent, à moins d’une semaine du jour J,
que le parti du président Emmanuel Macron arrivera en seconde position
derrière le Rassemblement National (ex FN) de Marine Le Pen. Le
gouvernement tente alors de regagner du terrain pour arriver devant la
formation d’extrême-droite et éviter l’approfondissement de sa crise. Et
pour cela tous les moyens semblent permis.
Ce weekend en effet une occasion en or s’est présentée : une vidéo
datant de 2017 a été rendue publique où l’on voit le principal dirigeant
de l’extrême-droite autrichienne (et vice-chancelier jusque là) en
train de négocier un soutien financier avec une soi-disant proche d’un
oligarque russe en échange de marchés publics.
L’extrême-droite autrichienne étant une alliée de poids du RN de
Marine Le Pen, le gouvernement a profité pour passer à l’offensive. Et
pour cela il a décidé de sortir une arme qu’il avait déjà utilisée sans
aucun succès contre le mouvement des Gilets Jaunes : l’argent russe, la
main cachée de Vladimir Poutine derrière la montée des partis
« populistes de droite » en Europe et notamment en France. Une sorte de
« complotisme à la sauce néolibérale ». Des accusation de représenter
le « parti de l’étranger » qui évoquent largement la propre rhétorique
du RN, comme le note l’éditorialiste de l’Opinion Jean-Dominique
Merchet, spécialiste de questions internationales et de défense.
Ainsi, Pascal Canfin, numéro 2 de la liste LREM, déclarait dimanche dernier : « La
nouvelle internationale de l’extrême droite (…) est en train de se
concrétiser pour détruire l’Union européenne. Le Rassemblement national,
c’est l’idiot utile de ce projet politique, le cheval de Troie de Trump
et de Poutine ». D’autres déclarations de ce type ont eu lieu tout
au long du weekend de la part de la tête de liste LREM, Nathalie
Loiseau, mais aussi du premier ministre Edouard Philippe.
L’éditorialiste Cécile Cornudet du journal pro-patronal (et en général très favorable à Macron) Les Echos décrit cette manœuvre ainsi : « Devancé
dans les sondages, Emmanuel Macron tente donc une ultime prise du judo.
Son implication dans la campagne a jusqu’ici plutôt profité au
Rassemblement national ? Il tente de susciter l’inverse : les appuis de
Marine Le Pen à l’international doivent désormais favoriser sa campagne à
lui. Si elle ne prône plus la sortie de l’euro, elle fait pire : elle
brade l’Europe à des puissances étrangères. L’anti-France, c’est donc
elle ; la mondialiste aussi ».
En effet, « l’affaire autrichienne » révèle au grand jour la vraie
nature corrompue et réactionnaire des dits « populistes de droite » une
fois qu’ils arrivent au pouvoir, elle révèle aussi que, derrière les
beaux sourires et le semblant politiquement correct, les libéraux savent
bien utiliser le nationalisme réactionnaire à leur sauce. Car si l’on
suit la logique gouvernementale, si une partie de l’électorat tombe dans
les « chants de sirène » des courants d’extrême-droite ce serait le
résultat d’une sorte de « complot » mené depuis l’étranger et non le
dégoût envers les politiques appliquées par les différents partis de
« l’establishment » depuis des décennies.
Les liens du parti de Marine Le Pen avec les banques russes et le régime de Poutine
sont connus effectivement. On pourrait même dire que ce sont les
régimes bonapartistes comme celui de Poutine ou d’Erdogan en Turquie qui
servent, en grande partie, de « modèle » pour le projet politique du
RN/FN. Les liens de ce parti avec l’idéologue réactionnaire
nord-américain Steeve Banon sont également connus. Cependant, brandir la
« menace russe », la « menace étrangère », à quelques jours de
l’élection montre que le gouvernement est prêt à faire feu de tout bois
pour éviter la débâcle, quitte à tomber dans le ridicule, voire dans le
pathétique.
Dans un contexte de crise du gouvernement et de crise sociale aiguë
ouverte par le mouvement des Gilets Jaunes, le gouvernement s’est fixé
comme objectif d’arriver en tête des élections européennes. En ce
faisant, il ouvre la possibilité d’une crise encore plus profonde en cas
d’échec. Comme l’explique Bernard Sananès de l’institut Elabe au
journal libéral L’Opinion : « On
dit que la mobilisation sociale a perdu en intensité (…) mais une
défaite d’Emmanuel Macron (…) pourrait permettre à celle-ci de rejoindre
une forme d’opposition plus politique et de redémarrer. C’est sans
doute à mon avis un des plus grands risques de l’échec pour le président
de la République ».
Cette manœuvre grossière du gouvernement participe à alimenter le
« match » réactionnaire qui consiste à présenter l’élection européenne
comme une sorte de répétition du second tour de la présidentielle de
2017. Evidemment, cette situation arrange aussi bien Macron que le parti
de Le Pen. Il permet de polariser le débat politique autour de ces deux
option réactionnaires en faisant oublier que ces élections s’annoncent
comme celles qui vont battre le record d’abstentionnisme avec
probablement moins de 40% de participation.
C’est dans ce contexte électoral très défavorable pour les travailleurs, la jeunesse et les classes populaires que Révolution Permanente s’est prononcé en faveur du vote pour la liste de Lutte Ouvrière, seule, face à l’absence du NPA, à défendre une voix de la classe ouvrière ce dimanche 26 mai.
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