Le
retour de cette pratique traditionnelle est une autre expression de la
situation désespérée dans laquelle vivent des millions de Yéménites.
Ce lundi le site britannique spécialisé dans l’actualité du Moyen Orient, Middle East Eye,
révélait que des enfants et des adultes, victimes de traumatismes
psychologiques et même physiques, avaient recours à une pratique
traditionnelle pour se soigner : se faire marquer au fer rouge.
En effet, après plus de trois ans d’une guerre civile sanglante et
complètement réactionnaire, des milliers de Yéménites sont aujourd’hui
traumatisés psychologiquement par la guerre, totalement appauvris,
incapables d’accéder aux déjà très dégradés services de santé. Dans ce
contexte, beaucoup appellent au dernier recours, désespéré, cette
pratique traditionnelle dépourvue de toute base scientifique ; un très
douloureux et désagréable « placébo ».
Walaa Absi, habitante de Hodeïda et dont la fille souffre d’un
important traumatisme psychologique après avoir été témoin d’un
bombardement aérien, explique : « j’ai essayé d’amener ma fille à
l’hôpital, mais cela m’aurait coûté beaucoup et on arrive à se procure à
peine de quoi manger (…) une semaine plus tard j’ai amené ma fille chez
une vieille dame pour la marquer ».
Walaa est très consciente que marquer sa fille n’est pas une
solution, mais c’est le dernier recours qu’elle a trouvé pour essayer de
faire quelque chose pour son enfant en souffrance : « je ne pense pas
que marquer au fer rouge ce soit une sorte de traitement, c’est plutôt
une autre souffrance pire que la première. Ainsi, les enfants oublient
les mauvais souvenir et ne pensent qu’à la douleur du marquage ».
Cette pratique était utilisée au Yémen avant le développement d’un
système de santé pour guérir tout type de maladies, non seulement les
traumatismes psychologiques. Comme l’explique Umm Mohammed - la vieille
dame qui a « marqué » la fille de Walaa - ces dernières années, « la
guerre a laissé des milliers d’enfants - et d’adultes - souffrant de
traumatismes psychologies, alors j’essaye de les aider en les marquant
au fer rouge ».
La situation au Yémen, comme le retour en force de cette pratique le
montre, est catastrophique pour la population. Il n’y a presque rien qui
marche ; pour ceux qui ont pu conserver leur emploi, les salaires ne
sont pas versés ; les combats et bombardements sont quotidiens, les
morts se comptent par dizaines de milliers ; la population meurt de
faim, littéralement.
En effet, alors que l’on apprenait le décès de la petite qui
apparaissait sur la photo publiée par le New York Times la semaine
dernière, devenue symbole de la famine dans le pays du Golfe, l’Unicef
déclarait ce lundi qu’un enfant yéménite meut toutes les dix minutes
pour des maladies que l’on pourrait traiter.
Alors que le scandale de l’assassinat du journaliste Yamal Khashoggi a
mis au devant de la scène internationale la guerre dévastatrice au
Yémen et que les alliés occidentaux des pétromonarchies font semblant de
vouloir mettre un terme au conflit, les combats s’intensifient entre la
rébellion houtiste et la coalition menée par l’Arabie Saoudite et les
Emirats Arabes Unis. Il y a urgence à réagir et développer la solidarité
internationale pour mettre fin à cette guerre financée, directement et
indirectement, par les puissances impérialistes dont la France.
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