Le
clip combatif contre Bolsonaro avait atteint 1 million de vues en une
semaine. YouTube l’a censuré sous des prétextes scandaleux.
« Printemps fasciste » est le titre d’une chanson combative
contre le président élu Jair Bolsonaro. Sept MC de rap se sont associés
pour écrire et interpréter une chanson qui dénonce et répond aux
discours les plus haineux réactionnaires de Bolsonaro.
Neuf minutes de paroles percutantes et combatives. « Idolâtrant des
fascistes, soutenant la torture / Le peuple manipulé veut te mettre au
pouvoir / Je suis la guerre civile, je ne crains pas ta dictature »,
voilà les premiers mots de la chanson. « Je suis Marielle e maître Moa »
est-il ensuite affirmé, faisant référence à la conseillère municipale
de Rio assassinée alors qu’elle s’opposait à l’intervention militaire
dans la ville et au maître de capoeira Moa do Katendê assassiné par un
électeur de Bolsonaro.
La chanson dénonce à plusieurs reprises le machisme et l’homophobie
de Bolsonaro : « Tu penses qu’être c’est quelque chose que l’on apprend /
Tu as dit que Haddad avait même créé un kit [gay] / Ma sœur est gay et
m’a appris à comment bien traiter les filles / Et de petit j’ai joué à
Hello Kitty ».
Mais la chanson dénonce aussi la corruption, que Bolsonaro et son
parti, le Parti Social Libéral, disent combattre. Ils rappellent que la
multinationale brésilienne exportatrice de produits agro-alimentaires
(notamment de la viande), JBS, a financé illégalement le PSL de
Bolsonaro. La chanson s’attaque également au programme néolibéral de
privatisations du nouveau gouvernement.
Cet esprit combattif, combiné à un son puissant entrecoupé des
discours les plus haineux du candidat ultraréactionnaire, a rencontré un
succès très rapide. Mis en ligne le 23 octobre, avant le second tour,
en une semaine il atteint 1 million de vues. Et c’est effectivement une
semaine après sa mise en ligne que la vidéo a été supprimée de YouTube.
Dans un communiqué, la maison de production « Setor Proibido »
écrit : « nous nous sentons censurés et pensons que la décision de
retirer la chanson, surtout qu’elle était publiée depuis plus d’une
semaine, est totalement arbitraire et sans précédents ».
Quand on a demandé à l’équipe de YouTube les raisons de cette
censure, elle répond tout simplement : « nous n’acceptons pas du contenu
qui encourage des activités illégales ». Des déclarations complètement
hypocrites, notamment quand on sait que les vidéos de Bolsonaro étalant
des discours haineux, racistes, homophobes, machistes peuvent circuler
tranquillement.
Bolsonaro n’a pas encore pris ses fonctions de président mais on peut
dire que la censure et les limitations à la liberté d’expression ont
déjà commencé et trouvent une aide précieuse des multinationales comme
YouTube.
Mais la sympathie que la chanson a générée au sein du public a fait
que d’autres utilisateurs de YouTube ont reposté la chanson. Tout cela
montre qu’il y a un secteur de la société brésilienne, notamment dans la
jeunesse, qui est prête à se battre, à résister contre l’avancée de
l’extrême-droite et ses attaques.
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