La
situation en Palestine et au Moyen Orient est en train de prendre un
tournant nouveau par rapport aux dernières 30 années. Nouveau dans le
sens où les USA, avec Trump, sont en train de se positionner plus
ouvertement pour le sionisme et par là même en train de brûler leur
rôle de « médiateur » accepté et reconnu dans le monde. A moyen
terme, il est possible que les USA ne puissent plus être considérés
crédibles pour proposer des « solutions » aux différents conflits dans
la région, notamment en Palestine.
Il s’agit d’une nouvelle étape dans la dynamique de perte
d’hégémonie nord-américaine dans la région, qui s’est accentuée
après la défaite en Syrie de ses alliés. Cependant, il n’y a pas,
pour le moment, de puissance impérialiste capable de substituer les USA
dans leur rôle économique, militaire et politique dans la région (et
encore moins dans le monde). C’est pour cela qu’il est probable que les
autres puissances impérialistes fassent tout pour essayer de revenir
à une situation où les USA puissent continuer à jouer un rôle de
médiateur. Rien ne peut assurer que cela marche.
Les alliés des USA dans la région sont dans un grand embarras.
Notamment les alliés arabes (Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, Mahmoud
Abbas, etc.). La rage populaire que la décision de Trump sur
Jérusalem est en train de faire naitre représente une pression sur ces
gouvernements. Mais plus grave encore, ce retournement des américains
risque de mettre en faillite la stratégie collaborationniste de ces
régimes. Ici aussi, il est possible qu’ils fassent quelques
déclarations outrées mais qui n’aillent pas jusqu’à rompre avec les
USA, essayant de calmer le jeu. Rien ne peut assurer que cela marche.
Ceux qui vont profiter dans l’immédiat de la situation sont les
régimes et forces politiques ayant une rhétorique hostile aux Etats
Unis, à commencer par l’Iran mais aussi le Hezbollah. D’autre part, les
groupes islamistes comme al Qaeda ou Daesh vont essayer d’en tirer
profit et revivre (on ne peut pas exclure la naissance d’autres groupes
islamistes). La Turquie peut apparaitre comme une autre option
« contestataire » mais plus modérée et acceptée au niveau
international.
Du côté des masses, la décision de Trump peut être interprétée
en quelque sorte comme un « cadeau ». Grâce à la situation ouverte les
masses peuvent prendre à nouveau les rues de façon légitime même
dans les régimes les plus arbitraires : il serait difficile de
justifier une répression contre une manifestation en solidarité avec
la Palestine au moment où il y a une offensive colonisatrice et
impérialiste. La question c’est que ces manifestations pourraient
devenir des manifestations contre les régimes eux mêmes (risque
important notamment en Egypte et en Jordanie mais surtout dans les
territoires palestiniens contrôlés par le Fatah). Ces régimes sont
déjà en train de voir comment limiter les mobilisations.
Cela veut dire qu’on est aux portes d’une troisième Intifada ? Non.
Ou en tout cas, pas forcément. On est à la veille d’un nouveau
« printemps arabe » ? Non plus. Cependant, les régimes de la région
sont beaucoup moins stables qu’il y a 10 ans. Les luttes contre des
courants islamistes bourgeois ou petit-bourgeois mais aussi les luttes
intestines au sein des régimes, ont ouvert des brèches dans lesquelles
les masses pourraient s’engouffrer. En effet, la reconnaissance de la
souveraineté sioniste sur Jérusalem est en train de poser les bases de
crises profondes de régime dans une région en ébullition chronique.
Dans ce contexte, il est fondamental mettre en avant, contre la
solution illusoire et réactionnaire des "deux Etats" mais aussi contre
la solution à un Etat sioniste, le mot d’ordre pour une Palestine
ouvrière et socialiste, où arabes et israéliens puissent vivre
ensemble sans oppression et luttant contre les classes dominantes
locales ainsi que contre l’impérialisme, pour une Fédération
Socialiste du Moyen Orient.
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