La
faillite de la candidature de François Fillon et la victoire de Macron
ont ouvert une crise profonde chez Les Républicains. Laurent Wauquiez
pourrait prendre la tête du parti mais pourrait aussi le voir exploser
aussitôt.
Depuis la campagne catastrophique de François Fillon, traversée par
le scandale de corruption, « le Penelopegate », et l’échec électoral qui
s’en est suivi, la droite « traditionnelle » française, pilier du
bipartisme instauré depuis presque 40 ans, est dans une crise profonde.
Sans doute la crise la plus profonde de son histoire. Peut-être une
crise terminale pour le rassemblement du centre et de la droite, LR
(anciennement UMP).
Depuis son élection à la présidentielle, Emmanuel Macron, après avoir
siphonné les « crevards » du PS, a minutieusement essayé de diviser la
droite et le centre pour soutenir son projet violent de contre-réformes
et en partie pour pallier son manque de structure partisane solide sur
laquelle s’appuyer. Certes, le gouvernement de Macron et sa majorité
n’ont pas encore pas été mis vraiment à l’épreuve, notamment de la lutte
de classes (même si la crise avec l’armée
a révélé des fissures importantes). Cependant, le pari de diviser la
droite et le centre semble marcher, au moins partiellement.
Dans ce contexte de triomphalisme macronien (limité), la droite
cherche des voies de reconstruction et de survie. Mais cette recherche
se traduit par l’accentuation des guerres intestines qui avaient vu le
jour sous le gouvernement de François Hollande.
Ainsi, le très à droite Laurent Wauquiez a vu l’opportunité de
s’emparer de l’appareil du parti, en vue de l’élection présidentielle de
2022, et a annoncé sa candidature à l’élection de la présidence du
parti, qui se tiendra début décembre. Wauquiez incarne effectivement une
tendance très droitière, se rapprochant des thématiques et discours de
l’extrême droite de Marine Le Pen. Pour Wauquiez il s’agit de doter le
parti d’une identité très à droite et assumée ; de flirter avec
l’électorat d’extrême droite mais avec un parti « crédible » et capable
de gagner vraiment. Ce n’est pas un hasard si Marion Maréchal-Le Pen a
déclaré qu’il lui semblait possible de travailler ensemble avec le
normalien-énarque.
Cependant, bien que cette ligne de droite dure rencontre un grand
écho parmi la base militante, qui s’est beaucoup radicalisée ces
dernières années, elle reste assez isolée parmi les « poids lourds » du
parti. Les seuls soutiens « notables » sont venus de la part de Claude
Guéant et d’Eric Ciotti. C’est dire.
Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et également
prétendante au titre de figure principale de la droite
« traditionnelle », a exprimé sa crainte qu’une victoire de Wauquiez à
l’élection de la présidence du parti n’accentue les divisions à droite,
voire qu’elle fasse exploser le parti. Tout en déclarant que l’élection
interne était « prématurée », Pécresse n’a elle-même pas écarté la
possibilité de quitter le navire après décembre. Elle va même fonder son
propre mouvement politique, « Libres ! ».
En même temps, tout comme Xavier Bertrand, un autre candidat au
leadership de la droite, Pécresse a renoncé à se présenter pour
l’élection à la tête de LR. Pour eux, il s’agit de délégitimer la
victoire presque sure de Wauquiez en le laissant en compétition contre
de parfaits inconnus. Pour Pécresse et Bertrand la base militante de LR
est peut-être devenue trop à droite et donc trop favorable à Wauquiez et
à sa ligne, qui pour eux, amène droit vers d’autres défaites.
À tout cela il faudrait ajouter le groupe de parlementaires
« Constructifs », « frondeurs de droite » qui soutient le gouvernement
Macron sur certains points et réformes, et qui envisage éventuellement
soit de créer un nouveau mouvement politique soit de se rallier à
LREM. Mais la décision ne serait prise qu’après janvier 2018, suite à
l’élection chez Les Républicains.
Comme la crise touche également le centre, Hervé Morin, ancien
ministre de la Défense de Sarkozy et président de l’UDI, a également
annoncé la possible création d’une nouvelle formation politique de
« droite modérée ».
La droite traditionnelle française est dans un état de « sauve qui
peut ». Ou mieux dit, dans un état de « sauve-toi sur la tête de ton
prochain ». Le succès de Macron, l’échec de voir son candidat éliminé au
premier tour, bascule les certitudes à droite, notamment parmi ce
personnel politique professionnel qui dépend des succès électoraux.
Wauquiez pourrait gagner sans trop de problème la tête du parti mais une
rude concurrence l’attend plutôt à l’extérieur. Et même à l’intérieur
du parti rien ne peut assurer que sa vie sera tranquille. Comme a
déclaré quelqu’un qui s’y connaît beaucoup en échecs, Jean-François
Copé : « On va se retrouver avec exactement le même syndrome que
précédemment. Sarkozy avait viré les non-sarkozystes, Fillon avait viré
les non-fillonistes et Wauquiez virera les non-wauquiézistes,
c’est-à-dire tout le monde, puisque tout le monde le hait ! ».
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