5.9.17

Wauquiez presque sûr de prendre la tête de LR… et de faire exploser le parti ?


La faillite de la candidature de François Fillon et la victoire de Macron ont ouvert une crise profonde chez Les Républicains. Laurent Wauquiez pourrait prendre la tête du parti mais pourrait aussi le voir exploser aussitôt.
Philippe Alcoy

Depuis la campagne catastrophique de François Fillon, traversée par le scandale de corruption, « le Penelopegate », et l’échec électoral qui s’en est suivi, la droite « traditionnelle » française, pilier du bipartisme instauré depuis presque 40 ans, est dans une crise profonde. Sans doute la crise la plus profonde de son histoire. Peut-être une crise terminale pour le rassemblement du centre et de la droite, LR (anciennement UMP).

Depuis son élection à la présidentielle, Emmanuel Macron, après avoir siphonné les « crevards » du PS, a minutieusement essayé de diviser la droite et le centre pour soutenir son projet violent de contre-réformes et en partie pour pallier son manque de structure partisane solide sur laquelle s’appuyer. Certes, le gouvernement de Macron et sa majorité n’ont pas encore pas été mis vraiment à l’épreuve, notamment de la lutte de classes (même si la crise avec l’armée a révélé des fissures importantes). Cependant, le pari de diviser la droite et le centre semble marcher, au moins partiellement.

Dans ce contexte de triomphalisme macronien (limité), la droite cherche des voies de reconstruction et de survie. Mais cette recherche se traduit par l’accentuation des guerres intestines qui avaient vu le jour sous le gouvernement de François Hollande.

Ainsi, le très à droite Laurent Wauquiez a vu l’opportunité de s’emparer de l’appareil du parti, en vue de l’élection présidentielle de 2022, et a annoncé sa candidature à l’élection de la présidence du parti, qui se tiendra début décembre. Wauquiez incarne effectivement une tendance très droitière, se rapprochant des thématiques et discours de l’extrême droite de Marine Le Pen. Pour Wauquiez il s’agit de doter le parti d’une identité très à droite et assumée ; de flirter avec l’électorat d’extrême droite mais avec un parti « crédible » et capable de gagner vraiment. Ce n’est pas un hasard si Marion Maréchal-Le Pen a déclaré qu’il lui semblait possible de travailler ensemble avec le normalien-énarque.

Cependant, bien que cette ligne de droite dure rencontre un grand écho parmi la base militante, qui s’est beaucoup radicalisée ces dernières années, elle reste assez isolée parmi les « poids lourds » du parti. Les seuls soutiens « notables » sont venus de la part de Claude Guéant et d’Eric Ciotti. C’est dire.

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et également prétendante au titre de figure principale de la droite « traditionnelle », a exprimé sa crainte qu’une victoire de Wauquiez à l’élection de la présidence du parti n’accentue les divisions à droite, voire qu’elle fasse exploser le parti. Tout en déclarant que l’élection interne était « prématurée », Pécresse n’a elle-même pas écarté la possibilité de quitter le navire après décembre. Elle va même fonder son propre mouvement politique, « Libres ! ».

En même temps, tout comme Xavier Bertrand, un autre candidat au leadership de la droite, Pécresse a renoncé à se présenter pour l’élection à la tête de LR. Pour eux, il s’agit de délégitimer la victoire presque sure de Wauquiez en le laissant en compétition contre de parfaits inconnus. Pour Pécresse et Bertrand la base militante de LR est peut-être devenue trop à droite et donc trop favorable à Wauquiez et à sa ligne, qui pour eux, amène droit vers d’autres défaites.

À tout cela il faudrait ajouter le groupe de parlementaires « Constructifs », « frondeurs de droite » qui soutient le gouvernement Macron sur certains points et réformes, et qui envisage éventuellement soit de créer un nouveau mouvement politique soit de se rallier à LREM. Mais la décision ne serait prise qu’après janvier 2018, suite à l’élection chez Les Républicains.

Comme la crise touche également le centre, Hervé Morin, ancien ministre de la Défense de Sarkozy et président de l’UDI, a également annoncé la possible création d’une nouvelle formation politique de « droite modérée ».

La droite traditionnelle française est dans un état de « sauve qui peut ». Ou mieux dit, dans un état de « sauve-toi sur la tête de ton prochain ». Le succès de Macron, l’échec de voir son candidat éliminé au premier tour, bascule les certitudes à droite, notamment parmi ce personnel politique professionnel qui dépend des succès électoraux. Wauquiez pourrait gagner sans trop de problème la tête du parti mais une rude concurrence l’attend plutôt à l’extérieur. Et même à l’intérieur du parti rien ne peut assurer que sa vie sera tranquille. Comme a déclaré quelqu’un qui s’y connaît beaucoup en échecs, Jean-François Copé : « On va se retrouver avec exactement le même syndrome que précédemment. Sarkozy avait viré les non-sarkozystes, Fillon avait viré les non-fillonistes et Wauquiez virera les non-wauquiézistes, c’est-à-dire tout le monde, puisque tout le monde le hait ! ».

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