31.10.16

Révolution Permanente en Espagne pour le premier anniversaire d’IzquierdaDiario.es


Philippe Alcoy

A l’occasion du premier anniversaire d’IzquierdaDiario.es, Révolution Permanente a participé à des débats organisés à Barcelone et à Madrid pour commémorer l’évènement. En effet, les deux quotidiens font partie du réseau La Izquierda Diario présent dans 11 pays en Europe et en Amérique, et il s’agissait d’une bonne opportunité de partager les expériences et échanger avec les militants, contributeurs et lecteurs, des jeunes, des moins jeunes, des ouvriers, des étudiants, qui ont participé nombreux aux évènements.

Le premier meeting a eu lieu mercredi 26 à Barcelone et nous avons partagé la tribune avec une camarade de l’organisation de femmes Pan y Rosas, un représentant du syndicat des « manteros » (vendeurs de rue), un travailleur du métro de Barcelone, une salariée de Telefónica et Santiago Lupe, directeur d’IzquierdaDiario.es. Dans la salle étaient présents aussi des représentants de la lutte des travailleurs de Movistar, des l’organisation des femmes de chambre dans les hôtels « Las Kellys », entre autres, qui ont également pris la parole.

Les échanges ont été très intéressants, intenses et qu’émouvants. On songera par exemple à l’intervention du représentant du Syndicat Populaire des « Manteros », ces vendeurs de rue, migrants, réprimés et persécutés par les autorités et la police, qui ont réussi à s’organiser malgré toutes les difficultés. Il revendiquait leur droit à s’organiser pour défendre leur « droit à survivre » contre les lois racistes, la répression policière et du gouvernement « du changement » de la maire de Barcelone liée à Podemos, Ada Colau. Le camarade « mantero » a revendiqué en ce sens rôle d’Izquierda Diario qui leur a permis d’exprimer leur point de vue et qui s’est montré toujours de leur côté.

Les salariés du métro de Barcelone, comme les « manteros », ont aussi connu le vrai visage du « gouvernement du changement » quand celui-ci a eu une attitude profondément anti-grève, allant même jusqu’à envoyer des lettres aux salariés pour qu’ils ne rejoignent pas la lutte. Et cela alors qu’ils se battaient pour leurs conditions de travail et une nouvelle convention collective.

Un autre moment fort a été l’intervention d’un des dirigeants de la lutte de Movistar qui a affirmé que les salariés ne se battaient pas seulement contre une grande multinationale mais aussi contre le « boycott » des médias dominants. Il a en ce sens mis l’accent sur l’importance pour les travailleurs d’avoir leurs propres médias comme Izquierda Diario qui les a aidés à rompre le « silence médiatique ». Mais Izquierda Diario n’a pas seulement été important pour parler de leur lutte mais aussi parce que ses militants étaient présents à chaque moment important de la grève.

Dans la lutte de Movistar, la solidarité des salariés de Telefónica, une autre multinationale des télécommunications, a été très importante, comme l’a signalé la représentante des travailleurs de cette entreprise. Mais elle a aussi pointé le rôle fondamental d’Izquierda Diario et de l’organisation de femmes Pan y Rosas pour permettre de mettre en relation et de créer des liens entre les salariées des deux entreprises. Allant en ce même sens, une représentante des femmes de chambre organisées dans le collectif « Las Kellys » a remercié Izquierda Diario pour son soutien dans leur lutte contre la précarité.

D’autres interventions ont eu lieu dans le public : des jeunes dénonçant les politiques répressives contre la jeunesse, des familles de victimes de répression d’État notamment par rapport à la lutte pour l’autodétermination, des travailleurs de la métallurgie.

A Madrid, c’est le vendredi 28 que la célébration avait lieu. La salle, à deux pas de la Puerta del Sol, était pleine, avec près de 80 personnes. A la tribune, à nos côtés, il y avait des représentants de médias alternatifs comme La Haine et le collectif Burbuja. Mais dans la salle on trouvait aussi une grande délégation de salariés de Coca Cola Madrid qui après deux ans de lutte ont réussi à obtenir une victoire contre cette multinationale qui voulait licencier 400 travailleurs ; des travailleurs de Telepizza Madrid et aussi de la ville de Saragosse ; des représentantes de « Las Kellys » Madrid ; des activistes de la plateforme pour la remunicipalisation des services publics, des militants de collectifs et d’autres groupes politiques aussi.

A la tribune, Boro, de La Haine, a notamment raconté la répression qu’il subit depuis l’adoption de la loi « Mordaza » qui limite très fortement la liberté de presse et d’expression. Actuellement, Boro doit faire face à deux procès qui pourraient déboucher sur une condamnation pouvant aller jusqu’à six ans de prison ferme. Et cela simplement pour exercer son travail de journaliste. Juan Carlos Barba, du collectif Burbuja, a pris la parole pour parler des liens entre les groupes capitalistes et les médias et comment ceux-ci contrôlent le flux de l’information pour influencer la conscience et la prise de décisions de la part des classes dominées.

Comme à Barcelone, dans la salle il y a eu des prises de parole de la part de travailleurs, très fortes et émouvantes. Les travailleurs de Coca Cola ont revendiqué Izquierda Diario pour son soutien aux luttes ouvrières, ont scandé des slogans, parlé de l’importance de l’internationalisme en remerciant notamment la présence de Révolution Permanente et en revendiquant la lutte des travailleurs et la jeunesse en France contre la Loi Travail.

On a écouté aussi le témoignage contre la précarité, non seulement de la part des travailleuses de Las Kellys Madrid mais aussi des jeunes précaires de Telepizza. Des jeunes qui gagnent parfois 300 ou 350 euros par mois, dans des conditions de travail terribles.

C’est dans ce contexte qu’avec nos camarades d’Izquierda Diario nous avons revendiqué nos projets de journaux militants, informant du côté des opprimés, des exploités. Nous avons fait part de l’expérience de Révolution Permanente depuis son existence, de notre apport et participation au mouvement contre la Loi Travail, la dénonciation de l’exploitation quotidienne, des oppressions, des violences policières dans les quartiers et contre les militants politiques et syndicaux.

Nous avons également mis en avant notre projet de démasquer les mensonges des puissants et oppresseurs. Un média qui a un parti pris, pour les exploités, mais qui veut servir aussi comme plateforme de débat d’idées entre les différents courants qui se revendiquent de cette lutte. Dans le contexte espagnol comme français, nos médias offrent une analyse des crises politiques des régimes des deux pays, d’un point de vue de classe.

Le bilan de ces deux évènements pour le premier anniversaire d’IzquierdaDiario.es est très positif. On a pu rencontrer et discuter avec des jeunes, des travailleurs, des militants qui nous ont raconté leurs expériences. On a pu aussi constater les points en commun de nos expériences. Si la tâche est dure, elle est aussi passionnante. Et c’est dans la reconnaissance de cet effort par ces travailleurs et ces jeunes que l’on peut se dire qu’on est vraiment en train d’informer « du bon côté de la barricade », d’un côté comme de l’autre des Pyrénées. Et notre ambition est bien plus grande.

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