Philippe Alcoy
A l’occasion du premier anniversaire d’IzquierdaDiario.es, Révolution Permanente
a participé à des débats organisés à Barcelone et à Madrid pour
commémorer l’évènement. En effet, les deux quotidiens font partie du
réseau La Izquierda Diario présent dans 11 pays en Europe et en
Amérique, et il s’agissait d’une bonne opportunité de partager les
expériences et échanger avec les militants, contributeurs et lecteurs,
des jeunes, des moins jeunes, des ouvriers, des étudiants, qui ont
participé nombreux aux évènements.
Le premier meeting a eu lieu mercredi 26 à Barcelone et nous avons
partagé la tribune avec une camarade de l’organisation de femmes Pan y
Rosas, un représentant du syndicat des « manteros » (vendeurs de rue),
un travailleur du métro de Barcelone, une salariée de Telefónica et
Santiago Lupe, directeur d’IzquierdaDiario.es. Dans la salle
étaient présents aussi des représentants de la lutte des travailleurs de
Movistar, des l’organisation des femmes de chambre dans les hôtels
« Las Kellys », entre autres, qui ont également pris la parole.
Les échanges ont été très intéressants, intenses et qu’émouvants. On
songera par exemple à l’intervention du représentant du Syndicat
Populaire des « Manteros », ces vendeurs de rue, migrants, réprimés et
persécutés par les autorités et la police, qui ont réussi à s’organiser
malgré toutes les difficultés. Il revendiquait leur droit à s’organiser
pour défendre leur « droit à survivre » contre les lois racistes, la
répression policière et du gouvernement « du changement » de la maire de
Barcelone liée à Podemos, Ada Colau. Le camarade « mantero » a
revendiqué en ce sens rôle d’Izquierda Diario qui leur a permis
d’exprimer leur point de vue et qui s’est montré toujours de leur côté.
Les salariés du métro de Barcelone, comme les « manteros », ont aussi
connu le vrai visage du « gouvernement du changement » quand celui-ci a
eu une attitude profondément anti-grève, allant même jusqu’à envoyer
des lettres aux salariés pour qu’ils ne rejoignent pas la lutte. Et cela
alors qu’ils se battaient pour leurs conditions de travail et une
nouvelle convention collective.
Un autre moment fort a été l’intervention d’un des dirigeants de la
lutte de Movistar qui a affirmé que les salariés ne se battaient pas
seulement contre une grande multinationale mais aussi contre le
« boycott » des médias dominants. Il a en ce sens mis l’accent sur
l’importance pour les travailleurs d’avoir leurs propres médias comme Izquierda Diario qui les a aidés à rompre le « silence médiatique ». Mais Izquierda Diario
n’a pas seulement été important pour parler de leur lutte mais aussi
parce que ses militants étaient présents à chaque moment important de la
grève.
Dans la lutte de Movistar, la solidarité des salariés de Telefónica,
une autre multinationale des télécommunications, a été très importante,
comme l’a signalé la représentante des travailleurs de cette entreprise.
Mais elle a aussi pointé le rôle fondamental d’Izquierda Diario
et de l’organisation de femmes Pan y Rosas pour permettre de mettre en
relation et de créer des liens entre les salariées des deux entreprises.
Allant en ce même sens, une représentante des femmes de chambre
organisées dans le collectif « Las Kellys » a remercié Izquierda Diario pour son soutien dans leur lutte contre la précarité.
D’autres interventions ont eu lieu dans le public : des jeunes
dénonçant les politiques répressives contre la jeunesse, des familles de
victimes de répression d’État notamment par rapport à la lutte pour
l’autodétermination, des travailleurs de la métallurgie.
A Madrid, c’est le vendredi 28 que la célébration avait lieu. La
salle, à deux pas de la Puerta del Sol, était pleine, avec près de 80
personnes. A la tribune, à nos côtés, il y avait des représentants de
médias alternatifs comme La Haine et le collectif Burbuja.
Mais dans la salle on trouvait aussi une grande délégation de salariés
de Coca Cola Madrid qui après deux ans de lutte ont réussi à obtenir une
victoire contre cette multinationale qui voulait licencier 400
travailleurs ; des travailleurs de Telepizza Madrid et aussi de la ville
de Saragosse ; des représentantes de « Las Kellys » Madrid ; des
activistes de la plateforme pour la remunicipalisation des services
publics, des militants de collectifs et d’autres groupes politiques
aussi.
A la tribune, Boro, de La Haine, a notamment raconté la répression
qu’il subit depuis l’adoption de la loi « Mordaza » qui limite très
fortement la liberté de presse et d’expression. Actuellement, Boro doit
faire face à deux procès qui pourraient déboucher sur une condamnation
pouvant aller jusqu’à six ans de prison ferme. Et cela simplement pour
exercer son travail de journaliste. Juan Carlos Barba, du collectif
Burbuja, a pris la parole pour parler des liens entre les groupes
capitalistes et les médias et comment ceux-ci contrôlent le flux de
l’information pour influencer la conscience et la prise de décisions de
la part des classes dominées.
Comme à Barcelone, dans la salle il y a eu des prises de parole de la
part de travailleurs, très fortes et émouvantes. Les travailleurs de
Coca Cola ont revendiqué Izquierda Diario pour son soutien aux
luttes ouvrières, ont scandé des slogans, parlé de l’importance de
l’internationalisme en remerciant notamment la présence de Révolution Permanente et en revendiquant la lutte des travailleurs et la jeunesse en France contre la Loi Travail.
On a écouté aussi le témoignage contre la précarité, non seulement de
la part des travailleuses de Las Kellys Madrid mais aussi des jeunes
précaires de Telepizza. Des jeunes qui gagnent parfois 300 ou 350 euros
par mois, dans des conditions de travail terribles.
C’est dans ce contexte qu’avec nos camarades d’Izquierda Diario
nous avons revendiqué nos projets de journaux militants, informant du
côté des opprimés, des exploités. Nous avons fait part de l’expérience
de Révolution Permanente depuis son existence, de notre apport et
participation au mouvement contre la Loi Travail, la dénonciation de
l’exploitation quotidienne, des oppressions, des violences policières
dans les quartiers et contre les militants politiques et syndicaux.
Nous avons également mis en avant notre projet de démasquer les
mensonges des puissants et oppresseurs. Un média qui a un parti pris,
pour les exploités, mais qui veut servir aussi comme plateforme de débat
d’idées entre les différents courants qui se revendiquent de cette
lutte. Dans le contexte espagnol comme français, nos médias offrent une
analyse des crises politiques des régimes des deux pays, d’un point de
vue de classe.
Le bilan de ces deux évènements pour le premier anniversaire
d’IzquierdaDiario.es est très positif. On a pu rencontrer et discuter
avec des jeunes, des travailleurs, des militants qui nous ont raconté
leurs expériences. On a pu aussi constater les points en commun de nos
expériences. Si la tâche est dure, elle est aussi passionnante. Et c’est
dans la reconnaissance de cet effort par ces travailleurs et ces jeunes
que l’on peut se dire qu’on est vraiment en train d’informer « du bon
côté de la barricade », d’un côté comme de l’autre des Pyrénées. Et
notre ambition est bien plus grande.
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