Philippe Alcoy
Toute la presse patronale exulte. « Historique » retrouve-t-on
dans tous les titres. Un « champion » de l’industrie française,
Dassault, signe, après 15 ans, enfin un contrat milliardaire avec
l’Inde. Près de 8 milliards d’euros vont être déversés par ce pays pour
l’achat de 36 avions de combat Rafale. Encore une « prouesse » de la
politique du business militariste du gouvernement du Parti Socialiste.
La France est devenue l’un des principaux « marchands de mort » à
travers le monde.
Entouré des PDG de Dassault, Thales et MBDA le ministre de
la Défense Jean-Yves Le Drian signait un accord de plus de 10.000 pages
avec son homologue indien Manohar Parrikar. Aussi bien le gouvernement
que la presse dominante présentent comme « allant de soit » le fait que
cette vente serait une « bonne nouvelle » pour la France. L’un des plus
explicites est peut-être le journal Les Echos
qui affirme que « le contribuable français » est gagnant car « avec le
contrat indien, Dassault peut faire tourner ses usines jusqu’en 2020,
voir plus, sans avoir besoin de son principal client : la France ».
Mais si ces mots révèlent quelque chose c’est le rôle central de
l’Etat français dans le développement et dans les profits de l’industrie
militaire. Non seulement l’Etat est le principal client de ces
entreprises spécialisées dans la création de « forces destructives », le
gouvernement français est le principal promoteur de cette industrie
néfaste. Et pour cela il n’hésite pas à s’associer aux pires dictatures à
travers le monde. En effet, en 2015 la France a exporté 15 milliards
d’euros en matériel militaire. Parmi ses clients on trouve le gouvernement
du dictateur Al Sissi en Egypte, l’archi réactionnaire pétromonarchie
d’Arabie Saoudite, le Qatar et la Jordanie, entres autres.
Sans aucun doute, les bombardements des avions français en Syrie ont
été une excellente « vitrine » pour ces ventes. Le ministère de la
Défense joue un rôle de plus en plus ouvert de marchand d’armes et
matériels militaires. Ainsi, toujours selon Les Echos : « [le] ministre
de la Défense, Jean-Yves Le Drian, (…) peut se féliciter d’une nouvelle
victoire : l’année 2016, avec les contrats en Australie de DCNS pour la
vente de sous-marins et celle des Rafale à l’Inde devraient égaler,
voire dépasser le record d’exportations atteint en 2015 ».
Pourquoi achète-t-on des avions de guerre ?
On voit depuis quelques années toute une série de pays « renouveler »
leur matériel militaire. Mais pourquoi donc ? Ce n’est pas simplement
pour « intimider ». Car les tensions géopolitiques et militaires montent
dan différentes régions de la planète. Le Moyen-Orient, avec notamment
la sanglante guerre civile syrienne, est peut-être l’endroit où cette
course à la dévastation s’exprime le plus ouvertement. Mais on l’a vu
également en Ukraine. Et avec de potentielles conséquences dramatiques,
on voit monter les tensions entre la Chine et les Etats-Unis autour de
la Mer de Chine du Sud.
La vente des Rafales, applaudie dans la presse française, fêtée par
le gouvernement et les différents partis du régime, intervient aussi
dans un contexte de montée des tensions. En effet, l’Inde se trouve dans
une relation de méfiance permanente avec le géant chinois et ces
derniers mois spécialement ce sont les tensions avec la Pakistan qui
sont entrain de monter autour de « l’éternel » conflit au Cachemire.
Nous ne pouvons pas oublier que nous sommes en train de parler de pays
qui possèdent la bombe nucléaire.
Depuis plus de deux ans on a vu une explosion du numéro de personnes
fuyant la misère et la guerre arriver en Europe. Les différents
gouvernements prennent des mesures de plus en plus dures, racistes et
profondément réactionnaires contre eux. Les partis d’extrême droite en
font leur « fonds de commerce » pour progresser d’élection en élection.
Et la France ce n’est évidemment pas l’exception. Cependant, on voit
toute l’hypocrisie de ces dirigeants qui en même temps refusent
d’accueillir dignement les migrants et parallèlement fêtent les ventes
records d’armes qui sont utilisées dans ces conflits ; quand ce n’est
pas les armées des pays vendeurs d’armes qui interviennent directement.
Les travailleurs et les classes populaires n’ont rien à fêter face à
ce marchandage mortifère, ni en France, ni ailleurs. Ce sont des armes,
des avions, qui serviront à tuer des travailleurs et travailleuses à
travers le monde.
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