8.6.16

Révolution Permanente en Grèce pour discuter du mouvement contre la loi El Khomri


Philippe Alcoy

Les 3, 4 et 5 juin dernier nous avons été invités à participer du festival Anaireseis 2016 en Grèce, pour échanger sur le mouvement contre la loi travail. Dans un climat marqué par l’enthousiasme et un grand intérêt par la situation en France, près de 400 jeunes et moins jeunes ont participé à des débats internationalistes qui se sont déroulés à Athènes, à Thessalonique et à Patras.


Le festival Anaireseis a lieu tous les ans depuis la fin des années 1990 et se déroule dans plusieurs villes grecques simultanément. Il s’agit d’un événement organisé par la jeunesse de NAR (Nouveau Courant de Gauche), rupture du Parti Communiste Grec (KKE) en 1989 et principale composante du front anticapitaliste Antarsya. Au cours du festival, des jeunes peuvent participer à des débats, profiter des concerts et s’amuser sans dépenser beaucoup d’argent. A Athènes, autour de 8 000 personnes ont participé du festival cette année.

Nous étions invités à parler sur le mouvement contre la loi El Khomri en France, le rôle de la jeunesse, la participation des travailleurs, les grèves et la signification de cette résistance dans un contexte d’attaques généralisées, notamment en Europe, contre la classe ouvrière, la jeunesse et les classes populaires. A nos côtés, une camarade de Socialist Alternative, Darletta Scruggs, a aussi fait le déplacement depuis les États-Unis pour parler de la lutte pour les 15 dollars et le mouvement « Black Lives Matter ».

Au cours des échanges, plusieurs participants ont souligné l’importance du mouvement d’opposition à la contre-réforme du gouvernement de Hollande pour les travailleurs et la jeunesse dans les autres pays d’Europe, notamment en Grèce. En effet, dans ce pays, la capitulation complète de Syriza au pouvoir face à la Troïka l’été dernier, a eu l’effet d’un choc qui s’est traduit par la démoralisation d’une partie des classes populaires. Le scepticisme s’est ainsi répandu quant à la possibilité de faire reculer le gouvernement et le patronat à travers les mobilisations et les grèves.

En ce sens, une victoire de la classe ouvrière et de la jeunesse en France contre le gouvernement Hollande-Valls pourrait « donner des idées » aux travailleurs et à la jeunesse en Grèce et en Europe. Et cela d’autant plus que cet été le gouvernement d’Alexis Tsipras prétend présenter une nouvelle réforme du Code du travail.

Dans les discussions, on a pointé également le rôle important de la jeunesse dans la lutte contre les attaques des gouvernements et des patrons. En effet, en France, en Grèce et aussi aux États-Unis, les jeunes connaissent des conditions de vie très précaires, même si la situation en Grèce est bien plus dure. En ce sens, dans tous ces pays la jeunesse a un rôle très important à jouer dans la défense des conditions de vie de l’ensemble des classes populaires.

Alors qu’en Grèce le parti d’extrême droite fascisant, Aube Dorée, reste la troisième force politique au parlement, beaucoup de questions ont été posées sur le rôle du FN au cours la mobilisation contre la loi travail. Des échanges, l’une des conclusions qui se sont dégagées a été que la lutte de classes, les grèves et les mobilisations restent les meilleurs éléments pour faire reculer les idées de l’extrême droite et même son influence sur les classes populaires.

Il n’y a aucun doute que les capitalistes tirent des leçons de la lutte de classes au niveau national et international. Ils sont complètement conscients de leurs intérêts. C’est pour cela que Tsipras est passé de « paria », quand il faisait encore semblant d’être opposé aux diktats de la Troïka, à être le meilleur ami des dirigeants européens, tels que Hollande et Merkel, une fois qu’il a adopté le programme d’austérité comme propre. C’est pour cela aussi que les capitalistes européens soutiennent Hollande face aux travailleurs et aux jeunes en France et l’encouragent à « tenir bon », comme le Financial Times du 2 juin dernier. Ils savent très bien ce qu’un recul du gouvernement PS en France pourrait provoquer en Europe.

En ce sens, la jeunesse, écrasée par la précarité, et les travailleurs, dont les capitalistes rendent de plus en plus insupportables les conditions de travail, doivent eux aussi tirer des leçons des luttes récentes et moins récentes. En effet, une inquiétude de certaines interventions lors des débats était que le mouvement en France ne soit canalisé ou récupéré par des options réformistes comme Syriza et que cela finisse comme en Grèce avec une trahison et des classes populaires paralysées et démoralisées.

Ce qui est sûr c’est que le mouvement de la jeunesse et des travailleurs en France est effectivement une grande opportunité pour que les révolutionnaires en sortent renforcés et ainsi avancer pour que ce soient les capitalistes qui payent pour la crise.

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