Philippe Alcoy
Il y a quelques jours on essayait d’imaginer la participation de l’équipe algérienne dans l’Euro 2016
et les conséquences que cela aurait eu en termes de commentaires et de
mesures racistes contre les supporters algériens. L’Algérie ne joue
toujours pas l’Euro mais pour les mesures racistes il en va apparemment
tout autrement.
En effet, le site spécialisé dans l’équipe nationale algérienne, La Gazette du Fennec,
vient de publier le témoignage de l’un de ses lecteurs affirmant avoir
dû enlever son maillot d’Algérie lors du match Espagne-Turquie vendredi
dernier à Nice pour l’Euro de foot. Il y explique que « les problèmes
ont commencé lors de mon entrée dans le stade. Accompagnant un de mes
amis pour déposer un sac dans la consigne à valises, un agent de la
sécurité m’a interpellé et m’a prévenu qu’il me serait impossible de
rentrer dans l’enceinte niçoise avec mon maillot de l’Algérie. Un autre
est arrivé ensuite et m’a ordonné de l’enlever. Ce dernier a expliqué à
l’un de mes amis que « les maillots du Maghreb sont interdits » ».
Après avoir essayé de garder le maillot de l’équipe algérienne sous
son pull, suite au conseil de ses amis, il a accepté de l’enlever et le
laisse à la consigne. Or, comme il l’explique, il était déjà repéré et
« au moment de passer devant la fouille corporelle, l’officier m’a
demandé de regarder sous mon pull. J’ai répondu sèchement : « Ne vous
inquiétez pas, je l’ai enlevé mon maillot. Je suis torse nu en-dessous » ».
Suite à cette humiliation le lecteur témoigne du soutien de ses amis
mais aussi de leur indignation en voyant qu’à l’intérieur du stade il y
avait des gens avec des maillots d’équipes nationales diverses : « mes
amis n’ont pas manqué de me remonter le moral et de me redonner le
sourire. Eux-mêmes étaient dans l’incompréhension. Un sentiment amplifié
en voyant dans le stade des supporters avec des maillots du Mexique,
des Etats-Unis ou bien de la Colombie. Pourquoi eux ont le droit de
représenter leurs couleurs et pas moi ? ».
On ne peut pas affirmer s’il s’agit d’un ordre donné d’en haut et
généralisé ou d’un cas isolé. Le fait est que ce témoignage est un
exemple de plus du racisme en France, lui très généralisé, et
particulièrement du racisme anti-algérien qui a des spécificités (y
compris au niveau institutionnel) liées au passé de lutte anti coloniale
dans ce pays.
Cela ne semble pas être un hasard non plus que ce fait ait eu lieu à
Nice où le maire de la ville, Christian Estrosi (LR), s’est déjà
illustré par ses mesures anti drapeaux étrangers durant la Coupe du
Monde 2014 (mesure qui visait particulièrement les supporters
algériens).
Cet événement est un vrai scandale. Et cela d’autant que des images
ont circulé sur les réseaux sociaux et dans la presse où l’on peut voir
des « hooligans » dans les stades exhiber, dans une complète impunité,
leurs tatouages de croix gammées ou lancer des saluts nazis. Mais il
semblerait que dans la « patrie des Droits de l’Homme » ce ne sont pas
les symboles aberrants du fascisme (face auxquels les classes dominantes
française ont capitulé et même collaboré) qui dérangent le plus mais
ceux qui rappellent que les peuples opprimés peuvent se battre et
vaincre leurs oppresseurs impérialistes. La solidarité avec nos sœurs et
frères de classe opprimés par le racisme en France reste une arme
fondamentale pour nous battre tous et toutes ensemble face à nos ennemis
communs.
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