Philippe Alcoy
« ...ou alors ça va péter ! » dit le slogan de manif repris par
des centaines de milliers parfois. Or, souvent dès que la presse
dominante dénonce quelques vitrines cassées ou quelques projectiles
jetés, les directions syndicales n’hésitent pas à dénonces « les
casseurs », à faire le « tri » entre les bons et les mauvais
manifestants. « Nous ça fait trois mois qu’on dit au gouvernement : il
faut stopper les casseurs (…) Pourquoi il n’y a pas d’ordre de donnée
aux policier d’empêcher les casseurs de frapper le long des
manifestations ? », déclarait Philippe Martinez de la CGT sur le plateau
du JT de France 2 le 15 juin. Les mêmes qui sont en train d’enterrer le
mouvement exigent que la police puisse vraiment « arrêter les
casseurs » sans même pas dénoncer la brutalité de la police que
subissent les manifestants depuis plus de trois mois.
Il s’agit précisément d’une façon d’alimenter le discours
qui légitime la répression contre l’ensemble du mouvement ; une façon de
justifier la répression contre des camarades qu’on taxe de « casseurs »
pour justifier leur interpellation et condamnation. Une façon de
diviser le mouvement. Regrettablement, parfois même des représentants de
« l’extrême gauche » adoptent ce discours.
Mais en même temps quel embarras pour eux quand des journalistes
réactionnaires sortent des photos et des vidéos montrant des
syndicalistes s’affrontant à la police. Car la réalité est bien
différente sur le terrain : une grande partie de ceux et celles qu’on va
appeler « casseurs » ce ne sont que des camarades, des travailleurs,
des jeunes qui se défendent face aux provocations, intimidations et à la
répression de la police. Et c’est bien cette réaction que le
gouvernement cherche pour tenter de décrédibiliser le mouvement en le
présentant comme un regroupement de personnes violentes.
En effet, quand on se fait gazer, matraquer, arrêter, quand on subit
l’arrogance des forces de répression, il n’y a pas besoin d’être
« casseur » pour vouloir se défendre, parfois en ayant envie de balancer
quelque chose. C’est de « l’auto-défense » primaire ; presque de
l’impuissance face à la répression d’un côté et à la politique
« responsable » (vis-à-vis de l’Etat et non des manifestants) des
directions syndicales, de l’autre.
Quant à ceux que la presse dominante appelle les « casseurs », il
faut refuser la dépolitisation du débat que le gouvernement et le
patronat, aidés par la presse capitaliste, essayent de mettre en place
déviant l’attention sur « la violence ».Dans le mouvement il y a
plusieurs secteurs et courants politiques qui interviennent. Nous avons
d’importantes divergences avec certains parmi eux, mais ce sont des
divergences politiques entre des personnes qui se battent contre cette
loi de régression sociale.
Il y a des actions de groupes autonomes qui desservent le mouvement
effectivement et nous ne partageons pas certaines de leurs méthodes.
Mais, le problème de ces actions n’est pas tant qu’elles peuvent être
parfois « violentes » mais qu’elles relèvent de l’initiative d’une
minorité en dehors des cadres d’auto-organisations que se donne le
mouvement. Et cela, sans parler de l’efficacité des certaines actions
elles-mêmes pour faire avancer le rapport de forces de ceux qui
s’opposent à la Loi El Khomri.
Mais les critiques et débats que l’on peut avoir au sein du mouvement
ne se confondent aucunement avec les « condamnations » de la part de
ceux qui nous répriment, nous exploitent et manipulent l’opinion pour
faire passer leurs attaques. Face à la répression de l’Etat on ne fera
pas « le tri » parmi les gens mobilisés. La violence vient
principalement de la part de la police, de la Justice, du gouvernement
et notamment du patronat. Ce sont les manifestants, la jeunesse, les
travailleuses et travailleurs, les classes populaires de ce pays les
principales cibles de la violence. Une violence physique directe mais
aussi la violence des licenciements, de la dégradation insupportable des
services publics, de la pression au travail, de l’humiliation du
chômage chronique. Voilà la violence que nous condamnons !
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