Philippe Alcoy
Vendredi matin 16 salariés d’Air France, dont 4 ont déjà été
licenciés, passaient au TGI de Bobigny dans l’affaire des « chemises
arrachées ». Après une condamnation ferme du gouvernement, qui exigeait
des peines « exemplaires », des perquisitions chez les salariés et une
tentative de lynchage médiatique, les travailleurs étaient convoqués une
première fois le 2 décembre 2015. Or la procès avait été reporté au 27
mai. Cette fois, sur demande de la défense, le procès est reporté à fin
septembre.
Encore une fois, les soutiens des salariés d’Air France ont été très
nombreux face à un procès scandaleux. Le contexte social tendu marqué
par la contestation à la Loi El Khomri a sans aucun doute aidé à
mobiliser également. En effet, parmi les soutiens présents il y avait
plusieurs syndicats : CGT, Unac, SNPL, Sud Aérien, Alter, Solidaires,
SPAF, FSU, FO, Unsa. De nombreuses délégations ont fait le déplacement
jusqu’à Bobigny, notamment des représentants de la CGT et de Solidaires
du Havre, les ex salariés de Goodyear Amiens, la CGT RATP, des postiers
du 92, la CGT CHRU Lille, entre autres.
Des personnalités politiques et syndicales étaient également là pour
exprimer leur soutien : Xavier Mathieu (ex Continental), Pierre Laurent
(PCF), Olivier Besancenot (NPA), Eric Coquerel (PG), Jean-Pierre Mercier
(LO).
La journée avait commencé avec une projection du film « Comme des
Lions » sur la grève de 4 mois à PSA Aulnay contre la fermeture de
l’usine. A la fin de celle-ci Jean Pierre Mercier, qui est également à
la CGT et a mené avec ses collègues cette lutte, a pris la parole pour
raconter leur expérience de lutte et de répression de la part de
l’entreprise et de la justice.
Concernant l’audience à proprement parler, elle a été reportée au
27-28 septembre suite à la demande de la défense. En effet, la CGT a
porté plainte contre Air France pour délit d’entrave (une grille a été
fermée, empêchant les représentants syndicaux d’entrer dans le site) et
pour délit d’immixtion (Air France aurait engagé du personnel de
sécurité pour réprimer la manifestation qui était prévisible).
Il n’y a aucun doute que cette « affaire des chemises arrachées » a
servi à Air France et au gouvernement pour dévier l’attention de l’enjeu
réel : le licenciement de 2900 salariés ! Et cela au sein d’une
entreprise qui fait d’énormes profits et dont le PDG, Alexandre de
Jugnac, s’est fait augmenter son salaire de 65% en 2015 !
En effet, l’objectif du gouvernement est politique : éviter que la
gronde légitime des salariés d’Air France gonfle et s’élargisse à
d’autres entreprises. C’est pour cela qu’il a essayé de frapper fort
avec la menace de répression judiciaire, les perquisitions chez les
salariés, le licenciement de quatre d’entre eux. Mais la détermination
des travailleurs et travailleuses reste intacte pour se battre contre ce
plan social inadmissible et ils peuvent compter sur un très large
soutien au sein du mouvement ouvrier et de la population en général.
C’est sûrement cet élément qui explique le premier report de
l’audience en décembre dernier. Or, dans le contexte actuel les risques
politiques et sociaux pour le gouvernement étaient beaucoup plus élevés
qu’en décembre. Au-delà des considérations de la défense pour demander
un report, il est clair que celui-ci était plutôt une bonne nouvelle
pour le gouvernement. En effet, s’il y avait une condamnation des
salariés les risques de réaction de la part du monde du travail étaient
grands ; mais s’il y avait une relaxe cela aurait pu être vu comme une
victoire sur le gouvernement sur ce cas précis mais aussi du mouvement
contre la Loi El Khomri.
La relaxe définitive des salariés d’Air France dépendra en grande
partie du soutien et de la mobilisation mais aussi du rapport de forces
général. C’est pourquoi redoubler la résistance contre la loi Travail
pour imposer une défaite au patronat et au gouvernement ne pourra que
renforcer la défense de tous les syndicalistes persécutés par la justice
de classe.
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