Philippe Alcoy
Stockholm, Suède. Pour ces 50-100 individus il s’agissait,
vendredi soir dernier, de jouer leur rôle de patriotes, comme il se
doit. Car, tel qu’indiqué sur le tract qu’ils distribuaient, « il y en a
eu assez ». C’est en effet pour infliger aux « enfants des rues
nord-africains le châtiment qu’ils méritent » que ces militants
d’extrême-droite s’étaient donné rendez-vous à la gare centrale de
Stockholm. Toute une démonstration de courage…
Selon des témoins de la scène, le groupe s’est attaqué aux
enfants de rue migrants et à toute personne qui aurait l’air d’un
étranger. La police a arrêté cinq personnes mais en a relâché trois
presque immédiatement. Les autres seront poursuivis, en principe, pour
des délits qui n’ont rien à voir avec l’incitation à la haine raciale ou
avec des crimes racistes.
D’ailleurs, samedi un responsable de la police déclarait, presque soulagé, qu’« aucune plainte de victimes potentielles n’avait été déposée ».
Comme si les migrants menacés d’expulsion, humiliés au quotidien et
privés de tout droit pouvaient se donner le « luxe » de porter plainte !
Après l’attaque, le Mouvement de Résistance Suédoise, un groupe néo-nazi, se félicitait dans un communiqué d’avoir « nettoyé [le secteur] des criminels immigrés venus d’Afrique du Nord qui sont logés dans la zone autour de la gare ».
Face à un tel spectacle on ne sait pas ce qui est plus choquant, la
barbarie de l’acte ou son pathétisme. Sans aucun doute un mélange des
deux. Mais qu’une chose soit claire : l’extrême-droite en Europe agit de
plus en plus ouvertement et sans complexe, il n’est pas exagéré de dire
que ce qui s’est passé à Stockholm vendredi soir a été une répétition
générale de pogrom.
Combien de temps reste-t-il encore avant que des bandes d’extrême-droite (ou de « voisins excédés »
comme aime les appeler la presse française) s’attaquent à des quartiers
ou de camps de fortune habités par des migrants ? Combien de temps
avant que ces milices systématisent les attaques contre des migrants en
pleine rue ou dans des espaces publics comme en Suède ?
Et face à cela on ne peut évidemment pas faire confiance à la police
qui, dans tant de cas, est complice matériellement et idéologiquement,
quand elle ne fournit elle-même des militants à ces groupes xénophobes,
racistes et profondément anti-ouvriers et anti-populaires.
Mais les principaux responsables dans le racisme et la xénophobie
montante ce sont les Etats européens. Tous, sans exception, sont
responsables. L’Etat suédois par exemple a reçu, en 2015, 163.000
demandes d’asile et le ministre de l’Intérieur, Anders Ygeman, a annoncé
que le pays entend expulser près de la moitié de ces migrants, dont la
demande d’asile a été ou sera rejetée.
Les médias dominants, sont au service de ces campagnes réactionnaires. On l’a bien vu face aux attaques sexistes lors du nouvel an à Cologne
où tous les grands médias s’accordaient pour responsabiliser les
migrants des faits. Ils n’ont fait ainsi qu’apporter leur grain de sable
à la course réactionnaire dans laquelle est rentré l’ensemble des
gouvernements européens et préparent ainsi le terrain à des attaques
racistes et xénophobes comme celles que l’on a vues vendredi dernier à
Stockholm.
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