Philippe Alcoy
Publié le 15 octobre 2015
Expression de la « normalisation » de Syriza au pouvoir, François
Hollande se rendra en visite officielle en Grèce la semaine prochaine
« pour soutenir » le Premier ministre Alexis Tsipras qui est en train de
faire voter au parlement de dures mesures d’austérité. Mais la visite
de Hollande a d’autres objectifs également : garantir de bonnes affaires
aux entreprises françaises.
Un gouvernement ami du patronat
Le gouvernement Hollande-Valls et le PS n’arrêtent pas de démontrer
leur soutien au patronat français. Et cela non seulement dans sa guerre
de classe contre les salariés pour rendre « plus compétitives » les
entreprises françaises, comme dans le cas d’Air France où Valls n’a pas hésité à exprimer toute sa « solidarité » avec la direction après « l’affaire de la chemise ».
Non. Le soutien du gouvernement PS au patronat a aussi un volet très
concret : l’ouverture de marchés et la signature de contrats pour les
grands groupes hexagonaux. C’est avec cet objectif que ce week-end une
délégation composée de hauts fonctionnaires d’État, Valls en tête, et de
chefs d’entreprises, est allé en « tournée » chez les dictateurs en Égypte, Arabie Saoudite et Jordanie.
Cette fois c’est le président François Hollande qui sera à la tête
d’une délégation de 70chefs d’entreprises françaises dont Vinci, Total,
la SNCF, Suez, EDF et Veolia (cette dernière impliquée dans un grand scandale de corruption lié à des privatisations en Roumanie).
La rapacité de l’impérialisme français
Bien qu’aucun contrat ne sera probablement signé lors de ce voyage,
la visite de François Hollande vise à « marquer le terrain », envoyer un
signe sur le rapprochement entre les milieux d’affaires français et
grec. Fin septembre déjà des représentants du patronat grec sont venus à
Paris vanter la « normalisation » de la Grèce et les avantages d’investir dans le pays hellène pour les capitalistes français.
Il s’agit pour le gouvernement et le patronat français de profiter de
la vague de privatisations imposée à la Grèce par le FMI et les
principales puissances européennes, dont la France est aux avant-postes.
Et cela d’autant plus que des capitaux allemands ont réussi à s’assurer
l’acquisition de 14 aéroports régionaux.
Mais ce vrai voyage d’affaires de l’exécutif révèle aussi le
caractère rapace du capital français. En effet, l’austérité, les
contre-réformes néolibérales et les privatisations ont été imposées au
peuple grec en grande partie pour sauver les banques privées
européennes, dont les françaises étaient parmi les plus exposées au
risque de défaut de paiement du pays. Par-delà l’hypocrisie des lignes
apparemment moins dures de Hollande, par rapport à celles de Merkel, au
plus fort de la crise grecque au début de l’été, à l’égard des Grecs et
son refus d’un grexit, il s’avère une nouvelle fois que les
gouvernements français successifs (sous Sarkozy puis sous Hollande) ont
non seulement tous joué le même rôle actif pour que ces mesures soient
appliquées, mais que tous comptaient bien ramasser le pactole le moment
venu.
Comme résultat de ces mesures appliquées par les différents
gouvernements grecs les revenus des travailleurs de Grèce ainsi que les
retraites ont été amputés, les conditions de vie des classes populaires
ont été dégradées, le marché de l’emploi complètement flexibilisé.
Maintenant, après toutes ces conditions favorables aux affaires et
après la capitulation phénoménale de Tsipras cet été, qui a signé un
troisième mémorandum promettant plus d’avantages aux investisseurs, le
patronat français vient à l’assaut pour prendre littéralement sa part du
gâteau en Grèce.
Les dirigeants des puissances impérialistes et des institutions
financières internationales comme le FMI ne cessent de répéter
l’importance de la non-ingérence de l’État dans l’économie. Or,
l’exemple du capital français montre tout le contraire : l’intervention
directe des gouvernements français dans l’imposition des contre-réformes
libérales en Grèce et les « visites officielles » sont fondamentales
pour que les multinationales fassent de bonnes affaires !
Source: RP
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