Philippe Alcoy
Source: CCR du NPA
Comme nous le signalions la semaine dernière, la ville de Saint-Denis (93) a été complètement militarisée pour empêcher la mobilisation des jeunes lycéens
pour dénoncer les violences policières dans le cadre de la lutte contre
l’assassinat de Rémi Fraisse. Cette semaine la militarisation a
continué. Des cars de CRS et la police montée dans le centre-ville, des
voitures de police aux abords des lycées. Cette fois la militarisation
visait notamment la grève et la mobilisation appelée par les syndicats
de l’éducation nationale. Pour calmer le jeu la ministre Najat
Vallaud-Belkacem annonçait la veille de la grève la création de 500
postes supplémentaires… d’ici 2017 !
La semaine
dernière on a assisté à la militarisation de St-Denis. Même à
l’intérieur de l’université Paris 8 on a vu la police en civil. Leur
objectif était clairement d’intimider le mouvement lycéen et étudiant.
En effet, bien que ce dernier ne soit pas encore à la hauteur de la
situation (sauf peut-être à Toulouse),
juste la perspective d’un début de mobilisation et convergence avec les
lycéens effraye le gouvernement Hollande-Valls. En effet, « c’est la hantise de ce gouvernement comme des précédents : un coup de colère de la jeunesse » (Lejls.com, 17/11/14).
La militarisation de Saint-Denis continue
C’est pour cela que même si la mobilisation étudiante
sur St-Denis à du mal à démarrer (au moins pour l’instant) et qu’il y
avait des signes très clairs qui indiquaient que la dynamique de
mobilisation des lycéens avait été stoppée par l’intimidation de la
police et, en partie, par la répression au sein même des lycées de la
part des proviseurs, la ville de St-Denis continuait militarisée cette
semaine. La police montée, la police municipale et les cars de CRS
étaient toujours présents dans le centre-ville et devant les lycées.
Il s’agit d’une claire limitation des droits de
s’exprimer et de manifester. En effet, même convaincus par la justesse
et légitimité de leur contestation, beaucoup de lycéens et lycéennes
font part de leurs craintes face aux représailles et intimidations.
Le gouvernement emploie une arme à double tranchant.
En pariant sur le tout répressif en Seine-Saint-Denis la situation
risque de se tendre, voire de provoquer une explosion sociale dans les
quartiers populaires. Certes, pour le moment l’intimidation et la
répression semblent marcher pour le gouvernement, mais on ne peut pas
exclure un retournement dans la situation, notamment si des secteurs de
la classe ouvrière rentrent dans la lutte.
Les instits et les profs mobilisés et solidaires des lycéens réprimés
Cette semaine le dispositif policier visait notamment
la grève et la mobilisation de l’éducation nationale appelées pour le
20 novembre dans le 93. La grève était initialement appelée pour exiger
plus de moyens pour l’éducation dans la Seine-Saint-Denis et pour
dénoncer les nombreux problèmes et disfonctionnement dans le département
(salaires des contractuels et profs stagiaires non payés, manque de
personnel, postes non pourvus, etc.).
Cependant, au vu de la militarisation de Saint-Denis
et la répression contre les lycéens une réunion unitaire réunissant
organisations politiques et syndicales de la ville s’est tenue. Dans
celle-ci on a décidé d’appeler à manifester le 20 au matin dans la ville
pour défendre les revendications des profs et pour exprimer le soutien à
la mobilisation des lycéens et lycéennes.
Ainsi, 500 personnes dont des parents d’élèves, des
profs et des étudiants de l’université de Paris 8 ont défilé dans les
rues de la ville avant de rejoindre la manifestation devant le ministère
de l’économie à Paris.
Il s’agit d’un petit exemple mais très important pour
faire progresser l’idée de la nécessité de la convergence entre les
luttes de la jeunesse des quartiers populaires et de la classe ouvrière.
Les fausses annonces du gouvernement
Alors que pour désamorcer la mobilisation des lycéens
du 93 le gouvernement utilisait des « méthodes musclées », pour essayer
de calmer le mécontentement dans l’éducation nationale, la veille de la
grève, la ministre Najat Vallaud-Belkacem, parmi d’autres mesures,
annonçait la création de 500 postes supplémentaires dans le département
d’ici 2017. Une blague qui risque de ne faire sourire personne ! Comme
déclarait une représentante du Snudi-FO : « Ce sont des effets
d’annonce puisque ces recrutements étaient déjà prévus. On ne va pas
refuser des créations de postes, mais le retard reste trop important ».
En effet, les problèmes du département ne se
réduisent pas simplement au manque de moyens dans l’éducation nationale.
Celui-ci n’est qu’un aspect d’une situation sociale globalement
désastreuse, résultat d’une politique consciente de marginalisation et
ségrégation des couches populaires qui habitent le 93.
S’attaquer aux problèmes structurels du 93 impliquent
résoudre la question du chômage, du logement précaire, du manque de
services publiques ou la mauvaise qualité de ceux-ci. Mais aussi il
s’agit de lutter contre le racisme et la répression d’Etat.
Le gouvernement PS est incapable de s’attaquer à ces
problèmes-là. C’est un gouvernement au service des riches et des classes
dominantes directement responsables de cette situation. C’est pour cela
qu’il n’a rien d’autre à offrir que de la répression. C’est le sens
profond de la répression brutale qu’ont subi les lycéens du 93 la
semaine dernière.
En ce sens, la solidarité totale avec les jeunes
mobilisés et la lutte contre la militarisation des villes et des
quartiers, de la part du gouvernement national et/ou municipal, est une
question fondamentale pour notre classe. Permettre au gouvernement de
réprimer les jeunes du 93 c’est le renforcer pour réprimer toute lutte
qui remette en cause ses politiques. La solidarité ouvrière et la
convergence des luttes sont décisives pour avancer contre les attaques
du patronat et du gouvernement ainsi que contre les crimes d’Etat et les
violences policières.
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