Trump
cherche à se défausser de sa gestion désastreuse de la crise en faisant
porter le chapeau à l’OMS. Une preuve supplémentaire que nous ne
pouvons pas laisser nos vies entre leurs mains.
L’épicentre de la pandémie de Covid-19 s’est définitivement
déplacé vers les États-Unis et elle est en train d’y faire un désastre.
Le bilan est très lourd dans le pays le plus riche au monde mais aussi
l’un des plus inégalitaires. Mardi dernier on a en effet enregistré près
de 2300 morts en seulement 24 heures, portant le nombre total de morts à
plus de 25 700. Quant au nombre d’infectés, on estime que le nombre est
d’au moins 600 000. C’est le pays le plus touché au monde, dépassant
l’Italie, l’Espagne, la France et la Chine. Cette situation fait que la
majorité des nord-américains désapprouvent la gestion de la crise par
l’administration Trump. A cela il faut ajouter 17 millions de
travailleurs et travailleuses qui ont perdu leur emploi en à peines
trois semaines suite aux mesures de confinement mises en place pour
arrêter la propagation de l’épidémie.
Tous ces éléments sanitaires, sociaux et économiques réunis dans une
année électorale présentent un grand risque pour les ambitions de
réélection de Donald Trump. Sans aucun doute, cela représente l’une des
principales raisons qui expliquent l’annonce du président états-unien
mardi dernier. En effet, il a communiqué que les États-Unis allaient
geler le financement de l’OMS, dont ils sont les principaux donateurs.
Pourquoi ? Parce que l’organisation aurait participé à dissimuler la
véritable dangerosité du virus, se rendant complice des mensonges du
gouvernement chinois, et ainsi aurait empêché les États-Unis, et le
monde, de bien se préparer pour lutter contre la pandémie. Tout cela,
selon Trump, montrerait que l’OMS est devenue trop proche de la Chine.
« Les contribuables américains fournissent entre 400 et 500 millions
de dollars par an à l’OMS, alors que la Chine y contribue pour environ
40 millions de dollars par an, voire moins », a-t-il dit.
Ces déclarations ont immédiatement attiré des condamnations unanimes
aux États-Unis et au niveau international. En effet, au milieu d’une
pandémie qui est en train de tuer des milliers de personnes chaque jour
et qui requiert des réponses collectives, la décision du gouvernement
représente un obstacle supplémentaire dans la lutte contre le virus.
Mais cette décision va non seulement affecter la lutte contre le
Covid-19, elle aura aussi des conséquences pour des millions de
personnes dans le monde, plongées dans la misère chronique et
dépendantes des programmes de l’OMS pour survivre.
L’attitude de Trump est d’autant plus critiquée qu’au début de la
crise le président des États-Unis avait lui-même félicité la Chine pour
sa lutte contre le Coronavirus dans un tweet du 24 janvier : « La
Chine a travaillé très dur pour contenir le Coronavirus. Les États-Unis
apprécient grandement leurs efforts et leur transparence. Tout se
passera bien. Au nom du peuple américain, je tiens à remercier tout
particulièrement le président Xi ». Aujourd’hui l’OMS serait devenue
le complice des mensonges du gouvernement chinois. Mais plus encore,
c’est Trump lui-même qui a pendant plusieurs semaines sous-estimé le
danger présenté par le virus.
Quoi qu’il en soit, cette situation vient alimenter une situation
internationale très tendue à cause des frictions liées à la gestion du
Coronavirus mais aussi du fait d’une situation économique dégradée. Et
comme toujours dans les moments de crise, les organisations
multilatérales internationales créées par les puissances impérialistes
sont les premières à payer quand les tensions mondiales montent,
notamment entre les puissances qui ont-elles-mêmes créées ces
institutions pour mieux imposer leur domination dans le monde, dans
différents aspects. En ce sens, ce « gel » du financement de l’OMS est
un fait important qui marque une disruption dans l’ordre mondial.
L’OMS, une institution impérialiste plongée dans la corruption
L’OMS a été fondée en 1948 et est l’une des agences des Nations Unies
les plus puissantes au monde. Mais, tout comme l’ONU elle-même, l’OMS
n’a rien d’une organisation multilatérale « neutre ». Au contraire, le
fait même que l’un de ses principaux financeurs soient les États-Unis,
principale puissance impérialiste, laisse entrevoir le fait qu’elle doit
répondre aux intérêts de ces puissances.
En effet, l’attitude du gouvernement nord-américain lui-même dévoile
le fonctionnement réel de ce mécanisme de direction indirecte de
l’agence. Car il est vrai que l’OMS a tardé à réagir face au virus et
c’est vrai aussi qu’il y a eu une certaine connivence vis-à-vis des
mensonges du gouvernement chinois. D’ailleurs, l’actuel directeur de
l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a été élu en 2017 grâce au
soutien de Pékin. Cela est perçu par l’administration Trump comme une
proximité « inacceptable », avec un pays qui ne contribue pour le
financement de l’organisation qu’à hauteur de 40 millions de dollars par
an, « voire moins ». En temps de « paix », cela pourrait être plus ou
moins toléré mais en ces temps de crise et de tensions cela pousse Trump
à suspendre son financement.
Mais les États ne sont pas les seuls à financer l’OMS. L’organisation
reçoit aussi des fonds privés. Ainsi, son deuxième plus grand
contributeur n’est autre que Bill Gates, l’un des hommes les plus riches
au monde, co-fondateur de Microsoft et actif soutien des productions
d’OGM. Mais Bill Gates, à travers sa fondation caritative « Bill et
Melinda Gates », n’est pas le seul fond privé à financer l’OMS.
Incroyablement, l’industrie pharmaceutique est également parmi les
financeurs privés. Comme l’a pointé il y a quelques années Corine
Lepage, ex ministre de l’environnement d’Alain Juppé, donc
insoupçonnable d’une quelconque tendance « anticapitaliste » : « Qui
imaginerait le Conseil de sécurité financé par l’industrie de
l’armement ? Pourtant, de grands laboratoires pharmaceutiques
contribuent au financement de l’OMS. De même, son principal donateur, la
fondation Bill et Melinda Gates, dont on ne peut nier les activités
caritatives, constitue par ailleurs l’un des plus grands promoteurs des
OGM dans le monde ». Alors que dans les années 1970, 80% des
donateurs de l’organisation étaient les États membres, aujourd’hui
(selon les chiffres valant pour les années 2016-2017) sur les 4,4
milliards de dollars du budget de l’OMS seulement 880 millions sont
apportés par les États.
Cela a amené à un scandale mondial quand WikiLeaks a révélé qu’entre
2009 et 2010 les lobbies de l’industrie pharmaceutique, en pleine crise
de la Grippe A, ont conduit l’OMS à exagérer le danger du virus pour
booster la production de médicaments. Parallèlement, ces mêmes
laboratoires privés ont fait pression pour modifier un rapport
confidentiel d’une commission de l’OMS chargée d’enquêter sur les
« maladies négligées » dans les pays pauvres dont les grands
laboratoires pharmaceutiques se désintéressent faute de pouvoir en tirer
des profits. Certaines dispositions proposaient de taxer les
laboratoires pour financer la production de ces médicaments ou encore de
mettre en commun les brevets.
Il est clair que dans ce contexte de discrédit de l’OMS,
l’organisation a besoin d’améliorer son image internationale. C’est
ainsi qu’elle peut être amenée dans la crise actuelle à s’opposer aux
politiques de certains de ses principaux financeurs si celles-ci vont à
l’encontre de la lutte effective contre le Covid-19. Et même si ces
critiques sont assez mesurées, cela semble « trop » pour un gouvernement
décrié par sa gestion désastreuse de la pandémie comme celui de Donald
Trump.
Notre santé est trop précieuse pour la laisser entre leurs mains
La politique de Trump est criminelle et met en danger la vie de
centaines de milliers de personnes non seulement à travers le monde mais
dans son propre pays, où ce sont les classes populaires et les
minorités opprimées qui payent le plus lourd tribut. Cependant, les
organisations internationales créées par les puissances impérialistes
pour perfectionner leur domination ne sont nullement une garantie de la
protection de nos vies. Et de ce point de vue l’exemple de l’OMS est
l’un des plus néfastes, cette organisation utilisant la « label » des
Nations Unies pour favoriser les profits des grands groupes
pharmaceutiques ou de l’agrobusiness.
En ce sens, la pandémie de Covid-19 met de plus en plus en évidence
que les travailleurs et travailleuses, la jeunesse et les classes
populaires ont besoin de s’organiser afin de défendre leurs propres
intérêts. Et cela inclut bien évidemment la protection de la santé, de
l’humanité et de l’environnement. Un tel programme doit s’attaquer
profondément aux intérêts des grands monopoles capitalistes. Par
exemple, la pandémie actuelle expose la nécessité d’exproprier
l’ensemble de l’industrie pharmaceutique sous contrôle des
travailleurs ; de se battre pour le financement massif de la recherche
publique et pour la socialisation des brevets afin d’accélérer la
production massive de médicaments qui permettront de sauver des millions
de vies, notamment dans les pays les plus pauvres où des maladies
traitables font des ravages chaque année. De telles mesures seraient un
premier pas pour enlever des mains des capitalistes les destinées de nos
vies.
RP.
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