En
lutte contre la privatisation et les licenciements, l’action des
grévistes fait penser aux actions « Robins des Bois » en France. Grand
geste de solidarité de classe.
Les travailleurs et travailleuses du secteur pétrolier au
Brésil sont en grève contre les privatisations et les licenciements qui
se sont accélérés sous le gouvernement ultraréactionnaire de Jair
Bolsonaro. Ainsi, le premier février a débuté une grève illimitée dans
tout le secteur contre la fermeture de l’entreprise FAFEN (Fábrica de
Fertilizantes Nitrogenados), une filiale du géant brésilien Petrobras, à
Araucária dans le sud du pays, qui va mettre à la rue un total de 1000
salariés entre travailleurs du groupe Petrobras et ceux des
sous-traitants.
Il s’agit d’une grève dont la solidarité ouvrière est une
caractéristique très importante. Comme on peut le lire dans les pages de
nos camarades d’Esquerda Diario : « dans
un contexte où le nombre de chômeurs est très élevé, 11,6 millions de
personnes pour être précis, ce n’est pas un simple détail que l’ensemble
d’un secteur comme celui des pétroliers, qui a un grand poids social,
prenne la défense des emplois de leurs collègues, même s’ils ne se
connaissent pas personnellement ou vivent à des kilomètres de distance
les uns des autres, et plus encore, remettant en cause la division entre
les salariés directement embauchés par l’entreprise et les travailleurs
précaires, une division si répandue dans l’entreprise et à travers le
pays. La grève fait un premier pas vers l’unité dans le secteur, luttant
pour les postes de 400 employés embauchés directement par Petrobras et
600 travailleurs précaires [intérimaires, contrats temporaires,
sous-traitants] ».
Mais cette solidarité ouvrière ne s’arrête pas aux limites de
l’entreprise. Et c’est pour cela que dans plusieurs villes du pays des
grévistes ont décidé d’organiser des ventes de bouteilles de gaz de
cuisine à des prix populaires ainsi que de délivrer des bons de
réduction pour l’essence. Ainsi, les bouteilles de gaz de cuisine
étaient vendues à 40 reais (8,6 euros) contre 70 reais (15 euros)
d’habitude. Les grévistes ont également vendu des aliments à des prix
très bas.
Cette mesure des grévistes est très populaire. En effet, alors que le
Brésil produit du gaz et du pétrole, les prix pour les consommateurs
brésiliens sont souvent plus élevés que pour ceux des pays riches. Aussi
les hausses du prix du gaz ont été nombreuses ces dernières années. De
juin 2018 à juin 2019, le prix du gaz a par exemple augmenté de 30%. Et
depuis octobre 2019 il y a eu trois hausses du prix du gaz, la dernière
de 5% datant de décembre.
Avec cette action les grévistes envoient un autre message qui va
au-delà de la fermeture de la FAFEN, c’est un message contre les
privatisations et contre la politique de prix de l’entreprise. En effet,
bien que la privatisation de la Petrobras ait commencé sous les
gouvernements du Parti des Travailleurs (PT) de Lula et Dilma Rousseff,
depuis l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro celle-ci s’est accélérée. Et le
gouvernement pour attirer les investisseurs internationaux mène une
politique d’augmentation des prix, parfois en les alignant sur les prix
européens ou nord-américains, voire en les dépassant.
Cette action a également réussi à briser le lock-out médiatique et
elle rappelle fortement les actions des grévistes du secteur de
l’énergie en France qui branchent les foyers populaires qui ont été
débranchés à cause de non payement des factures.
La grève des travailleurs du pétrole c’est une très bonne nouvelle
pour la classe ouvrière et les secteurs populaires au Brésil qui vivent
des attaques et des reculs considérables depuis plusieurs années déjà et
dont l’arrivée au pouvoir de l’ultraréactionnaire Bolsonaro n’est que
le couronnement de cette dynamique. Cette grève énorme, solidaire, de
tout un secteur contre les licenciements et la fermeture d’une filiale,
fait peur aussi au gouvernement et au patronat. Si les travailleurs
comprennent que la fermeture de FAFEN représente une menace pour tout le
secteur, les patrons comprennent également que la victoire des
travailleurs est une menace pour leurs plans. C’est pour cela que le
juge du Tribunal Supérieur du Travail, Ives Gandra, a décrété que la
grève dans tout le secteur était « abusive » et veut imposer une amende
aux syndicats pétroliers si le taux de grévistes dépasse 10% du total
des effectifs de l’entreprise et des sous-traitants.
En effet, ce que cette mesure démontre c’est que les patrons et le
gouvernement craignent la solidarité ouvrière et populaire. La réponse
des salariés devra être l’approfondissement de la grève et des actions
de solidarité.
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