À
quelques jours de la décision de Trump sur le maintien de l’accord sur
le nucléaire iranien, Benjamin Netanyahu a essayé d’influencer la
décision américaine. Une manœuvre qui n’a rien à voir avec l’arme
nucléaire iranienne mais plutôt avec son influence grandissante dans la
région.
En grande pompe le premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu a « révélé » à la planète que « l’Iran a menti » sur son
programme d’enrichissement d’uranium et de recherche pour se doter de
l’arme nucléaire. Selon les Israéliens, grâce à l’action de leurs
services secrets, ils détiennent plus de 100 000 documents attestant des
intentions nucléaires du régime de Téhéran.
Ces prétendues preuves montrent que l’accord sur le nucléaire iranien
de 2015 ne reposerait sur rien d’autre que des « tromperies » de la
part de l’Iran. Selon Netanyahu, tout au long des années 1990 l’Iran
aurait cherché à se procurer l’arme nucléaire, un programme abandonné en
2003.
Cependant, ces « révélations » n’ont rien d’un scoop. En effet,
l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) avait déjà
mentionné ce programme dans un rapport et lors de la signature de
l’accord de 2015 les différents acteurs avaient décidé de ne pas exiger
de Téhéran la reconnaissance de tel programme comme condition préalable.
D’ailleurs comme on peut lire dans Le Monde, « la
principale faiblesse de la dramaturgie du premier ministre israélien
réside dans l’absence de preuves claires d’une violation par l’Iran des
termes de l’accord signé en 2015 avec l’Allemagne et les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité de l’ONU — États-Unis, Russie, Chine,
France et Grande-Bretagne ».
Une opération de com’
En réalité la conférence de presse de Netanyahu portait moins sur la
présentation de prétendues preuves mais était plutôt une tentative de
toucher l’opinion publique aux États-Unis et en Europe. L’objectif c’est
de pousser les dirigeants européens à mettre fin à l’accord sur le
nucléaire iranien ou au moins à imposer des règles bien plus dures et
contraignantes à l’Iran.
C’est cet agenda réactionnaire que Trump et son gouvernement semblent
avoir adopté ces derniers mois. Et c’est aussi derrière cet agenda que
Macron semble s’être complètement aligné lors de sa visite aux Etats Unis la semaine dernière.
La conférence de Netanyahu a effectivement eu lieu quelques jours
avant la date fatidique du 12 mai, où Trump devra décider s’il se retire
ou pas de l’accord nucléaire. Aussi, elle se déroule le lendemain de la
visite du nouveau secrétaire d’État nord-américain, Mike Pompeo. En
prenant en compte ces éléments, on ne peut pas exclure que ces
« révélations » soient une manœuvre pensée conjointement entre Israël et
les services des affaires étrangères nord-américaines.
Contrer l’influence iranienne dans la région, des manœuvres dangereuses
Évidemment, cette dernière offensive anti-iranienne n’a rien à voir
avec le développement de l’arme nucléaire par Téhéran. Même en cas de
développement d’armements nucléaires, il est peu probable d’ailleurs que
l’Iran les utiliserait contre Israël étant donné la proximité
géographique des pays alliés de Téhéran.
Le vrai objectif d’Israël et des États-Unis dans leur politique
anti-iranienne est de contrer l’influence que Téhéran a gagnée dans la
région, notamment au cours de la guerre en Syrie. Pour Israël il est
hors de question d’accepter que l’Iran possède des installations et du
personnel militaire dans le pays voisin.
En effet, Israël et les États-Unis ne sont pas prêts à reconnaître le
rapport de forces en faveur de l’Iran sur le terrain en Syrie et
essayent de prolonger le conflit pour rendre plus difficile au régime
iranien de recueillir les fruits de sa victoire militaire en Syrie. Or,
ni les nord-américains ni les Israéliens ne sont capables aujourd’hui de
présenter une alternative viable à Assad et ses alliés en Syrie. Leur
seule réelle option c’est donc la poursuite d’un conflit meurtrier
jusqu’à l’obtention de quelques concessions ou avancées sur le terrain.
Ils utilisent ainsi la question de l’accord nucléaire iranien pour faire
reculer Téhéran, avec la complicité de l’Arabie Saoudite et l’Égypte.
L’Iran se trouve donc dans une situation de plus en plus compliquée
et mis sous pression, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. En
effet, l’offensive israélienne ne se limite pas seulement à ce type de
« spectacles » mais aussi à des actions militaires. Ce week-end par
exemple, une attaque avec des missiles, attribuée à Israël, a tué deux
douzaines de membres des forces militaires iraniennes en Syrie.
Une rupture de l’accord nucléaire iranien de la part des États-Unis
pourrait pousser Téhéran à répondre à ce type d’attaques israéliennes,
ouvrant une situation de guerre très dangereuse pour l’ensemble de la
région. Cela pourrait passer par une attaque directe contre des
objectifs israéliens mais aussi par des attaques à travers les milices
liées à Téhéran comme celles du Hezbollah libanais.
On voit donc comment la politique des impérialistes et de leur client
sioniste au Moyen-Orient pourraient amener à encore plus de
catastrophes humanitaires et à des guerres réactionnaires dans une
région déjà meurtrie par des années de conflit.
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