Philippe Alcoy
Source: CCR du NPA
François Hollande avait fait de la lutte contre le
chômage un des axes centraux de sa campagne durant les élections
présidentielles de 2012. Plus de deux ans plus tard, c’est un échec
cuisant : depuis que le PS est au pouvoir, plus de 500 000 personnes ont
perdu leur emploi. Ainsi, si l’on ajoute à ceux qui n’exercent aucune
activité (près de 3,5 millions de personnes) ceux qui travaillent à
temps partiel mais qui souhaitent travailler plus, on arrive à un total
de près de 6 millions de personnes avec des problèmes de travail en
France. Mais la ténacité et le « génie » du PS sont inépuisables. Ainsi,
mardi 2 septembre, François Rebsamen, ministre du Travail, exprimait sa
volonté de vérifier que les chômeurs cherchent réellement un emploi ;
dans le cas contraire, ils se doivent d’être sanctionnés, y compris en
les radiant de la liste de chômeurs, perdant ainsi le droit à
l’indemnisation chômage.
En réalité, cette
mesure est déjà appliquée de manière « expérimentale » dans certaines
régions de France. En effet, face au refus de procéder à ces dits
contrôles par une partie du personnel de Pôle Emploi, une équipe
spéciale de « contrôleurs »a été mise en place. Ceux-ci se chargent de
détecter les personnes « suspectes » de frauder et de toucher des
indemnités sans vraiment chercher de travail. Comme l’affirmait un haut
fonctionnaire de Pôle Emploi : « pour les chômeurs qui sont
sciemment dans la non recherche afin de s’offrir quelques mois de break
au frais du service public de l’emploi, ‘‘la question d’un renforcement des sanctions est ?légitime’’ » (Les Echos, 2/9).
Cependant le taux de fraude est très bas. Par
exemple, en 2012 il représentait seulement 0,11% du montant total des
indemnisations. Ce qui est clair c’est qu’il s’agit de déclarations qui
cherchent à stigmatiser les couches populaires qui n’arrivent à trouver
du travail et ainsi les rendre responsables de la crise.
Tournant social-libéral et crise de légitimité
Cette annonce va de pair avec le tournant plus
ouvertement social-libéral du PS depuis la formation, à la fin du mois
d’août, du gouvernement Valls II, débarrassé des ministres les plus
« critiques » vis-à-vis des politiques d’austérité appliquées par
Hollande. Cependant, la situation est très délicate pour lancer des
déclarations aussi anti-ouvrières. L’impopularité du président est
énorme et sa politique n’a rien à envier à celle de son prédécesseur,
Nicolas Sarkozy.
Des secteurs du PS et des soutiens traditionnels de ce parti, comme le journal Le Monde, en
sont conscients et essaient de prendre de la distance avec le ministre.
Certains, comme le secrétaire d’état Thierry Mandon, tout en condamnent
ces déclarations, pour calmer le jeu, demandent hypocritement que nous
nous mettions « à la place du ministre du travail qui voit le chômage augmenter, il cherche tous les moyens pour le faire baisser ». Parallèlement, d’autres dirigeants sont plus cyniques : « effets d’annonce[peuvent]perturber l’acceptation des réformes sociales que nous avons entreprises », déclarait un parlementaire du PS.
Fraude et chômage, et si la faute était aux capitalistes ?
Hollande et ses ministres prétendent « lutter contre
le gaspillage et les abus » qui aggravent la situation d’une économie en
crise. Pourtant, ce gouvernement ne met même pas un dixième de cette
même énergie dans la lutte contre la fraude fiscale des grandes fortunes
qui s’élève à 80 milles millions d’euros. C’est le même gouvernement
qui octroie des milliards d’euros aux entreprises qui jettent des
milliers de travailleurs à la rue pour optimiser leurs profits.
Ce gouvernement traite de fainéants et de profiteurs
les travailleurs et travailleuses sans emploi quand les vrais
responsables du chômage grimpantce sont les capitalistes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire